La Deutsche Bundesbank (banque fédérale allemande) frappe régulièrement des pièces commémoratives. Entre 2006 et 2022, la série des Bundesländer (pièces de 2€) a été mise en circulation avec un bâtiment emblématique pour chaque Bundesland. Hambourg a été représentée par la Hauptkirche Sankt Michaelis. Le Michel (son surnom local) est en effet le symbole de la ville.

Source

Une histoire mouvementée

Au XVIe siècle, la ville de Hambourg croît et s’étend au-delà de ses fortifications. A l’ouest des canaux reliant l’Alster à l’Elbe, le faubourg de Neustadt se crée peu à peu. Ses habitants sont pauvres et des activités répulsives ou dangereuses y sont installées (tuilerie, poudrerie, cimetière des pestiférés). Des juifs expulsés d’Espagne ou du Portugal à la fin du XVe siècle s’y installent aussi.

Source
Hambourg au XVIe siècle

Vers 1600, une chapelle est construite dans le cimetière. Mais elle est rapidement trop petite et il est décidé, en 1647, de construire à proximité une église plus grande.

Source

L’église plus grande est consacrée à l’archange Michel, comme l’est aussi la chapelle du cimetière. Cette dernière devient « der kleine Michel » tandis que l’église Sankt Michaelis est construite. Le petit Michel est peu à peu délaissé et rasé en 1747.

Carte de Hambourg en 1690 : la flèche rouge montre der Kleine Michel et la flèche bleue der Michel.
Source

Les travaux de construction ont lieu de 1647 à 1669, selon les plans de Christoph Corbinus (mort en 1652) puis de Peter Marquard. En 1685, l’église Sankt Michaelis devient l’une des églises principales luthériennes (Hauptkirchen) de Hambourg. Mais le 10 mars 1750, le clocher est touché par l’éclair pendant un fort orage et un incendie se déclenche. L’effondrement du clocher sur la nef détruit entièrement l’église.

Chalcographie de Franz Nikolaus Rolffsen
Source

Une « église de secours  » (Notkirche) est bâtie à l’emplacement du kleine Michel entre 1754 et 1757. C’est une église baroque dont la construction a été subventionnée par le sénateur hambourgeois, Joachim Caspar Voigt. L’identité du donateur reste secrète pour ses contemporains. Après la consécration de la nouvelle Hauptkirche Sankt Michaelis, elle reste dans l’ombre. En 1807, elle est réquisitionnée pour offrir un lieu de culte catholique aux troupes italiennes, espagnoles et françaises des armées napoléoniennes. En 1811, elle est consacrée à Sankt Ansgar (Saint Anschaire de Brême). Elle reste une église catholique après le départ des troupes napoléonniennes en 1814. L’église Sankt Ansgar et Sankt Bernhard est détruite lors des bombardements en 1945 et reconstruite entre 1953 et 1955.

Pour plus d’informations sur cette église, vous pouvez consulter leur site.

Der kleine Michel en 1870
Source

La reconstruction du Michel commence dès 1751 selon les plans de Johann Leonhard Prey (mort en 1757) puis de Ernst Georg Sonnin. Elle est consacrée dès 1761 mais sans clocher. Ce dernier, en bois recouvert de cuivre, est terminé en 1786.

Le 3 juillet 1906, lors de travaux de soudure, un incendie se déclenche et se propage rapidement. L’effondrement partiel du clocher détruit la nef. Cependant, la reconstruction de l’église à l’identique est décidée très rapidement. Elle se fera avec des matériaux modernes, comme le béton et l’acier. L’architecte Julius Faulwasser supervise les travaux et en 1912, l’église Sankt Michaelis est consacrée.

Vidéo sur l’incendie et l’histoire des cloches du Michel

L’église est fortement touchée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale et reconstruite en partie entre 1947 et 1952. Entre 1983 et 2016, elle a connu un programme complet de rénovation.

Source

L’intérieur de l’église

L’intérieur de l’église est très agréable et lumineux. La nef mesure 52 mètres de long, 44 mètres de large et a une hauteur de 27 mètres. 2500 personnes peuvent assister aux messes. Les grandes orgues sont bien sûr récentes (1960-1962) mais ont été réalisées dans un style néo-baroque.

Je lui ai trouvé un aspect assez théâtral avec les loges et les balcons.

La crypte

La crypte a été conçue lors de la deuxième construction de l’église. Les riches citoyens hambourgeois pouvaient acheter leur dernière demeure dans celle-ci… ce qui était un bon moyen de financer la reconstruction. Plus de 2000 personnes y sont enterrées entre le XVIIIe et le début du XIXe siècle. En effet, les autorités napoléoniennes interdisent l’inhumation en dehors des cimetières. La tradition disparaît. La crypte ne souffre d’aucun dommage après l’incendie de 1906 ou les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Elle sert même d’abri anti-aérien aux populations du quartier.

La vue panoramique sur Hambourg

Le clocher du Michel est accessible par ascenseur mais avec une cinquantaine de marches auparavant. La nef et la crypte peuvent par contre être visitées par des personnes en fauteuil roulant. La plateforme est située à 83 mètres de hauteur et permet d’avoir une très belle vue sur Hambourg, et en particulier sur le port.

Visite en 2010… quand l’Elbphilharmonie n’était pas encore finie
Les clochers de Hambourg : Rathaus, Sankt Petri, Sankt Jacobi, Mahnmal Sankt Nikolai, Sankt Katharinen

La Hauptkirche Sankt Michaelis est un endroit passionnant pour toute personne de passage ou habitant à Hambourg. L’avez-vous déjà visitée ?

Pour plus d’informations sur les conditions sanitaires actuelles, les horaires d’ouverture et le programme musical, consultez le site internet de la Hauptkirche.

Articles sur les Hauptkirchen de Hambourg

Photographie de couverture : l’église Sankt Michaelis vue depuis la plateforme panoramique du mémorial Sankt Nikolai