Après des années à hésiter par rapport à l’âge des enfants et au handicap de la petite, nous sommes enfin allés découvrir le Musée de la Mine à La Machine dans la Nièvre.

Je voudrais tout d’abord remercier les employées du musée qui se sont montrées très compréhensives, tant à l’accueil que pendant la visite guidée du puits des Glénons. Nous n’étions pas certains que notre plus jeune fille supporterait la visite du puits et elles ont été très rassurantes quant à la possibilité de sortir à tout moment de la mine. Merci à elles !

Nous nous intéressons beaucoup à l’histoire industrielle et à la géologie et avons déjà fait d’autres visites sur la même thématique :

Informations pratiques

Le musée est situé dans la petite ville de La Machine, à 30 km au sud-est de Nevers. Il est ouvert l’après-midi entre le 1er mars et le 31 octobre, les jours d’ouverture varient entre la basse et la haute-saison. Plus d’informations sur le site de la Communauté de communes Sud-Nivernais.

Nous sommes restés presque trois heures sur le site. On peut compter une bonne heure pour la visite du musée et une heure et demie pour celle du puits des Glénons (situé à un quart d’heure à pied du musée). Il est possible de ne voir qu’un des sites. Nous sommes venus pendant les vacances d’été et il y avait des visites qui commençaient très régulièrement mais l’on peut aussi réserver au préalable la visite guidée par téléphone.

Les galeries ne sont pas froides, il n’est donc pas nécessaire de se couvrir davantage. Mais il vaut mieux porter des chaussures confortables.

Le charbon et la Nièvre

Si l’on parle des bassins miniers en France, on va spontanément penser au Nord, à la Lorraine et à la région stéphanoise. Mais, du XVe siècle à la révolution industrielle, le Nivernais a un rôle d’extraction et de transformation très important dans le royaume de France. Des houillères et des forges sont installées dans différentes villes nivernaises.

A 7 km au sud de La Machine se trouve la ville de Decize. Depuis le XVe siècle, le charbon, peu profond voire affleurant, y est exploité. La ville est aussi située sur la Loire, l’exportation de la production ne nécessite donc pas la mise en place de nouvelles voies de communication. Jean-Baptiste Colbert, protégé par le cardinal Mazarin, puis ministre de Louis XIV, explore le duché de Nevers pour son protecteur qui l’a acheté en 1659.

Louis XIV cherche à développer sa marine de guerre et charge Colbert, dès 1660, d’enquêter sur les ressources disponibles (en particulier le bois, le charbon et les forges) en France pour atteindre cet objectif. De 1669 à sa mort en 1683, Colbert est même le Secrétaire d’État de la Marine de Louis XIV et surveille la mise en œuvre de la volonté royale. Le Nivernais est riche de ces ressources indispensables et voit les fonderies de la Marine royale, à Guérigny et à Cosne-sur-Loire se développer. Le charbon du bassin minier de La Machine et de Decize leur est indispensable mais il est sous-exploité. C’est le début de la mine de La Machine.

La machine de La Machine

Quelle était donc cette fameuse machine ayant donné son nom au lieu ? Pour exploiter le charbon en profondeur, il faut creuser un puits de mine mais aussi avoir les moyens techniques de descendre et remonter le minerai et les hommes. Colbert a été impressionné par la Machine de Marly qui servait à pomper l’eau de la Seine et à l’acheminer, en franchissant un dénivellé important, vers les jardins du château de Versailles. Sa construction a été réalisée sous les ordres du maître charpentier liégeois, Rennequin Sualem. L’un de ses proches, Daniel Michel, liégeois aussi, développe un baritel, c’est-à-dire une machine permettant d’utiliser la force motrice des chevaux pour la mine. En effet, le manège en bois, mû par un cheval, actionne les câbles du puits. C’est cette machine qui va tellement impressionner les habitants qu’elle laissera son nom à la commune.

Le baritel de La Machine devait ressembler à celui-ci. Source

L’exploitation du charbon de La Machine connaît des vicissitudes selon les troubles et les guerres en France. En 1869, la Compagnie Schneider achète les houillères de La Machine – Decize et relance la production, dont le principal destinataire est les usines Schneider du Creusot. Les Schneider sont connus aussi pour avoir développé une vision paternaliste dans leurs entreprises. Quatre cités ouvrières sont ainsi construites à La Machine entre le milieu du XIXe siècle et la fin de l’Entre-Deux-Guerres : la Cité Sainte-Marie, la Cité Sainte-Eudoxie, la Cité des Zagots et la Cité des Minimes. Deux circuits sont proposés par la ville pour découvrir le passé minier dans l’urbanisation de La Machine. Nous n’avons malheureusement pas eu le temps nécessaire pour bien découvrir la ville. Une prochaine fois…

Le Musée de la Mine

Nous avons donc commencé notre visite par celle du musée en attendant notre rendez-vous pour la visite guidée du puits des Glénons. Les enfants ont reçu à l’accueil le « livret du p’tit mineur » et ont découvert et compris beaucoup de choses sur la vie quotidienne et le travail des mineurs.

Depuis 40 ans, le musée est installé dans l’ancien bâtiment du siège social de la Houillère de La Machine. On peut imaginer les anciennes fonctions de chaque salle, le quotidien des mineurs quand ils venaient chercher leur paie, etc.

La visite commence par une explication de la particularité géologique de la région de La Machine – Decize et de la présence de charbon à cet endroit. Pour les passionnés de fossiles et de minéralogie, de magnifiques spécimens sont exposés, résultats des découvertes dans la mine et de dons.

On découvre ensuite l’évolution de la mine, de ses techniques et des conditions de travail des mineurs. L’immense bureau présentant le plan extrêment détaillé de la commune est passionnant.

Enfin, on apprend les moments les plus importants dans la vie quotidienne des mineurs : leurs passions, leurs distractions, leurs traditions. L’histoire de la mine, sa fermeture en 1974 et l’ouverture du musée en 1983 sont expliquées en détail. Ce sont les anciens mineurs qui ont eu à cœur de maintenir la mémoire de plus de cent ans d’exploitation.

La visite guidée du puits des Glénons

Nous souhaitions absolument visiter le puits des Glénons. On ne rentre en fait pas réellement dans les galeries d’exploitation mais dans une galerie construite pour l’entraînement et l’adaptation des jeunes mineurs. Il est donc rapidement possible d’en sortir si cela est nécessaire. C’était le cas pour notre petite après une demi-heure de visite.

Pour découvrir et comprendre le vocabulaire spécifique des mineurs, j’ai trouvé un lexique explicatif publié par le centre historique minier de Lewarde.

A l’accueil du puits des Glénons, nous sommes d’abord équipés d’une calotte (petit bonnet de tissu bleu), d’un casque et d’une lampe à la lampisterie. C’est aussi la salle des pendus, d’où l’on aperçoit les vêtements que les mineurs rangeaient avant de descendre travailler. Une fois équipés, la descente peut commencer.

Nous voyons les cuffats qui étaient utilisés avant le développement des cages ou quand celles-ci étaient hors d’usage. Nous ne sommes pas descendus par les cuffats ni les cages, il y a un escalier assez abrupt qui permet d’accéder à la galerie.

Je n’ai pas fait de photographies dans les galeries, la luminosité était bien sûr réduite à celle de nos lampes. La guide nous a beaucoup expliqué sur les conditions de travail des mineurs, les dangers auxquels ils étaient confrontés et les évolutions pendant le temps d’exploitation de la mine de La Machine.

Nous avons donc beaucoup apprécié notre visite du musée et du puits. C’était très intéressant et tout à fait adapté à une visite en famille. Les enfants étaient très contents de porter leur lampe et leur casque et d’imaginer la vie des mineurs, notamment des enfants qui y travaillaient.