Nevers est associée à sa cathédrale romane et gothique Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte, dominant majestueusement la vieille ville. Mais l’on oublie souvent l’église Saint-Étienne, imbriquée dans le bâti de la ville et sans réel parvis alors que c’est un magnifique témoignage de l’architecture romane religieuse.

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Au VIe siècle, Nevers est érigé en diocèse. Tout au long du Moyen-Âge, Nevers, en plus de sa cathédrale, se couvre de monastères. L’un d’eux est installé en-dehors des murs de la ville, c’est un monastère de femmes, exposé aux attaques, n’étant pas protégé par les remparts. Après avoir connu une période de prospérité, celui-ci s’est beaucoup appauvri et est transféré en 1068 par Malguin, évêque de Nevers, à l’abbaye de Cluny. Le comte de Nevers, Guillaume Ier prend l’initiative de faire reconstruire l’église qui est consacrée en 1097 à la Vierge Marie et à Saint-Étienne. La construction a donc duré trente ans, ce qui est très rapide pour l’époque. Au XIIe siècle, elle est achevée avec la réalisation d’un narthex. Le narthex est un espace intermédiaire, entre le monde extérieur et la nef, servant à diverses fonctions dont celle de baptistère.

L’église avait trois clochers qui ont disparu à la fin du XVIIIe siècle. En 1793, elle est transformée en grange et en magasin de fourrage et les clochers et le narthex sont détruits. Ils avaient déjà vraisemblablement été endommagés par les conditions climatiques et il est possible que leur destruction ne soit pas liée à une volonté révolutionnaire mais à celle de détruire des éléments fragilisés et menaçant le reste de la structure.

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L’église Saint- Étienne est malheureusement méconnue des touristes de passage… et de beaucoup de Nivernais. Elle est à l’écart du quartier historique situé autour du Palais ducal et de la cathédrale et n’est pas vraiment mise en valeur, à l’étroit dans les bâtiments l’entourant. On y accède par un petit passage situé dans la rue Saint- Étienne. Le chevet bénéficie d’une meilleure perspective, plus dégagée, depuis la rue du charnier.

En faisant le tour de l’église, on découvre de curieuses ouvertures, comme les repentis d’un architecte facétieux.

A l’intérieur, la hauteur est très surprenante. On s’attend en effet, dans une église romane, à une voûte plutôt basse. Les baies, sur trois niveaux, laissent entrer la lumière et permettent d’observer les travées.

L’article de Bourgogne romane consacré à cette église est extrêmement précis et détaillé. Ce site est une mine d’or pour tous les passionnés d’architecture et d’art romans et représente un travail de recherche et de rédaction titanesque.

Selon Viollet-le-Duc, l’église Saint-Étienne est le « monument le plus parfait que le XIe siècle ait laissé à la France ». Il faut dire que l’église a connu peu de destructions ou de restaurations invasives et a été classée Monument historique dès 1840. Elle mérite d’être davantage valorisée en tant que patrimoine architectural majeur de l’art roman en France.

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Connaissiez-vous déjà cette belle église romane ? Notamment les Nivernais et les Bourguignons ici ?