Il y a quelques années, pour tout dire avant d’avoir des enfants, quand j’avais à l’époque du temps et des neurones disponibles…, j’ai passé et obtenu le diplôme C2 en allemand auprès du Goethe Institut. Si l’on suit le Cadre européen commun de référence des langues (CECRL), j’ai donc le statut d’utilisateur expérimenté, subdivisé en C1 (autonome) et C2 (maîtrise). Mais il est précisé que le « C2 ne doit pas être confondu avec la compétence langagière du locuteur natif. Celle-ci se situe au-delà et ne peut donc plus constituer le modèle idéal à partir duquel est évaluée la compétence en langue des élèves. »

Honnêtement, depuis, j’ai régressé en allemand. Entre les congés parentaux, le manque chronique de sommeil et les préoccupations toutes autres que linguistiques, je n’ai pas eu le temps d’entretenir mes connaissances grammaticales et lexicales. Ce qui nous amène au premier point…

1. Être motivé et croire en soi !

C’est important d’être motivé sur la durée et pas seulement les premières semaines. On a toujours mieux à faire que réviser des verbes irréguliers ou faire des exercices de grammaire. Il faut donc savoir pourquoi on veut progresser, se donner un objectif précis à moyen ou long terme (passer l’examen en B2 lors de la prochaine session par exemple). Se raccrocher à une date permet de maintenir la motivation.

Croire en soi ! Tout le monde peut apprendre une langue étrangère… ne veut pas dire que tout le monde peut la parler parfaitement en six mois. Il faut croire en ses capacités sans pour autant surestimer les efforts à réaliser pour progresser dans la langue cible.

2. Se donner des objectifs précis et concrets.

Il vaut mieux définir ce que l’on veut améliorer en premier, le domaine dans lequel on souhaite progresser. Veut-on surtout travailler l’oral (compréhension et expression) ? A-t-on besoin de progresser dans la production écrite ? Doit-on se spécialiser dans le vocabulaire de notre domaine professionnel ? A-t- on besoin d’un diplôme de langue pour se porter candidat à un emploi ou une formation ? On sera plus efficace en ayant bien délimité les premiers contours, quitte à bien sûr les dépasser ou les modifier ensuite. Les objectifs doivent aussi être atteignables afin que cela soit réalisable et gratifiant.

3. Mettre en place un plan de travail.

Une fois les objectifs définis, il est important de se préparer son plan de travail. Vous êtes votre propre enseignant, vous allez donc aussi préparer vos séquences sur plusieurs semaines. Tout d’abord, définir un horaire auquel on pourra se tenir. Ce n’est pas la peine de prévoir une heure tous les soirs si tous les soirs, c’est la course entre les enfants, le coucher et le ménage. Autant commencer petit, prévoir seulement 10 minutes tranquille au lit ou les 15 minutes de métro pour aller au travail et les faire ! Il faut en effet travailler très régulièrement et il vaut mieux apprendre 15 minutes deux fois par semaine que deux heures un soir puis plus rien pendant trois semaines !

Les objectifs fixés vont permettre de préparer un bon plan de travail, axé sur les compétences que l’on souhaite travailler en priorité. Si l’objectif est de pouvoir parler lors du prochain séminaire international du travail ou de préparer les vacances, on aura d’autres compétences à travailler que si l’on veut avant tout améliorer sa production écrite.

4. Bien choisir son matériel pédagogique.

Quel est le matériel le plus adapté à mes goûts et à mon plan de travail ? On a aujourd’hui un très large panel dans lequel on va pouvoir trouver quelque chose qui nous correspond (application sur le smartphone, cours en ligne avec le CNED ou d’autres organismes, cours par skype, cours en présentiel, méthode de langue, CD-ROM, etc.). On trouve aussi beaucoup de radios nationales ou régionales qui proposent des émissions en « langue facile », comme le journal en français facile de RFI. Si votre niveau est au moins de B1/B2, vous pouvez aussi regarder un film, une série, lire un livre que vous avez déjà vu ou lu en français. Ainsi, l’intrigue est déjà connue et on peut davantage se concentrer sur la langue sans perdre le fil de l’histoire. Si vous êtes passionnés d’histoire, d’astronomie ou de DIY, il existe sûrement une revue dans la langue cible référencée sur google.

5. Alterner le type d’activités, entre exos rébarbatifs mais utiles et activités ludiques et plaisantes.

Selon les compétences que l’on souhaite acquérir et son niveau de départ, on aura un ensemble plus ou moins grand de matériel disponible. Quand j’ai commencé à réellement travailler l’allemand, j’avais un bon niveau de compréhension mais une grammaire déplorable. Je me suis attelée à faire des exercices de grammaire tous les soirs avec un CD-ROM de grammaire allemande. C’était assez fastidieux mais j’ai fait des progrès rapides que je n’aurais jamais fait sinon. Un conseil d’ailleurs, apprenez des verbes : c’est indispensable pour s’exprimer clairement.

Pour me reposer un peu, je lisais ensuite des BD, des articles de journaux ou des romans en allemand (un autre moyen de travailler la grammaire et les belles tournures grammaticales). L’alternance peut se faire en s’abonnant à des chaînes youtube dans la langue cible sur ce qui vous intéresse, des podcasts, des radios, des blogs, des films, des comptes Instagram, etc. Pour Insta et youtube, écrire un commentaire est ensuite un bon exercice.

6.Travailler l’oral !

Selon l’endroit où on habite et la langue que l’on souhaite apprendre, ça sera plus ou moins facile de rentrer en contact avec des locuteurs natifs. Si on habite dans une grande ville internationale, il y a très vraisemblablement une association de ressortissants de ce pays, voire un centre culturel, un consulat ou une ambassade. Ces derniers proposent souvent des soirées d’échanges sur divers thèmes. On peut aussi faire des tandems (plus difficile quand on est débutant). Si c’est possible, aller au moins deux semaines dans le pays pour utiliser vos connaissances, les faire vivre et en acquérir d’autres. Sur internet, on trouve aussi des cours de conversation ou des cours particuliers avec un enseignant afin de travailler l’oral. Dernière solution : se raconter tous les soirs sa journée dans la langue cible. Ça peut sembler très bizarre au départ mais ça reste un bon exercice.

7. Améliorer sa prononciation et son accent !

Écouter des Français et des gens d’autres nationalités parler dans la langue cible… surtout si leur accent est encore plus pourri que le nôtre ! Je plaisante mais c’est en fréquentant une université d’été en allemand que j’ai pris conscience des différents accents. Dans mon cours, il y avait des étudiants du monde entier et je n’arrivais pas à comprendre certains quand ils parlaient en allemand car je ne reconnaissais pas les mots ! L’autre étudiant français parlait allemand avec son accent marseillais, c’était très original ! Sinon, on peut trouver un texte lu par un locuteur natif et s’enregistrer ensuite en train de lire le même texte… La comparaison sera vraisemblablement très instructive.

Ensuite, il ne faut pas complexer. On gardera toujours un accent. Le seul moyen de le perdre serait de travailler avec un coach. Un léger accent est en général perçu de façon positive.

8. Faire des pauses !

Si on sent la motivation baisser, qu’on sature, autant faire une pause ! L’apprentissage d’une langue étrangère n’est pas une progression constante, il y a des phases de stagnation. Si on a peur d’oublier, on peut toujours regarder des films en VO, lire le journal, etc. pour entretenir le niveau.

9. Passer un examen de langue !

Avoir un diplôme sera plus gratifiant et concret que de dire qu’on apprend l’allemand depuis deux ans. Sur son CV, un diplôme est plus reconnu que le fameux « lu, parlé, écrit ». C’est aussi motivant d’avoir à se confronter à un niveau officiel. Le C2 a été un grand challenge pour moi (surtout que j’en avais besoin pour le travail…)

10. Se récompenser pour ses progrès et son assiduité !

L’apprentissage d’une langue étrangère devrait toujours être un plaisir. Même si vos progrès sont lents, c’est important de remarquer qu’ils existent, que vous vous tenez globalement à votre plan de travail. Apprendre une langue étrangère est un exercice difficile qui demande des années de concentration et d’efforts alors faites vous plaisir !

Et en bonus…

Être patient et répéter…