Le site archéologique des Fontaines Salées est situé sur la commune de Saint-Père. C’est un village de presque 300 habitants, limitrophe de Vézelay. Je n’avais pas fait de recherches, je m’attendais juste à traverser un petit village mignon, blotti autour de sa petite église romane ou gothique. Et là, la surprise ! Une magnifique église en style gothique rayonnant ! Comme une mini-cathédrale !

A lire aussi : Le site des Fontaines Salées, de l’extraction du sel au Néolithique aux thermes gallo-romains

Entre les VIe et VIIIe siècles, le site de Saint-Père est vraisemblablement habité et connaît une occupation funéraire au niveau de l’ancienne église Saint-Pierre (des sarcophages mérovingiens y ont été découverts). Gérard II de Paris, comte de Paris et de Vienne fonde un monastère de femmes en 858 sur ses terres de Saint-Père, ce serait en fait le premier site de Vézelay. Mais, une quinzaine d’années plus tard, les invasions vikings font fuir les moniales et le site est abandonné. Après quelques années, un monastère bénédictin d’hommes est construit sur la colline voisine qui prend le nom de Vézelay.

Sa femme Berthe et lui seraient donc les fondateurs du site religieux de Vézelay, d’abord installé au pied de la colline dans la commune de Saint-Père. Le personnage historique serait aussi le personnage épique des chansons de gestes portant sur Girart de Roussillon (XIIe siècle). Il est donc difficile de séparer les faits réels de ceux qui ont été imaginés ou déformés.

A lire aussi : Vézelay et la colline éternelle

Une église est construite au IXe siècle dans le sud du bourg : l’église Saint-Pierre. Elle est agrandie au siècle suivant mais est détruite au XVIe siècle pendant les guerres de religion. Sa nef sans voûte devient le cimetière communal jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Entre la première moitié du XIIIe siècle (a priori à partir de 1235) et le XVe siècle, une seconde église est construite dans le bourg : l’église Notre-Dame-de-Saint-Père. Sa construction commence par le chœur, le maître d’œuvre s’inspirant de la collégiale de Clamecy. La date de 1258 est inscrite sous le porche, c’est vraisemblablement celle du début de la construction de la façade occidentale.

A lire aussi : Clamecy, entre Bethléem et Paris

Ce bas-relief du XIVe siècle représenterait le couple donateur à l’origine de la fondation de l’église Notre-Dame-de-Saint-Père.

Mais qui est réellement à l’origine de cette église ? C’est une magnifique église avec une tour de plus de 50 mètres de haut et un décor très soigné alors qu’elle est située dans un petit village. Une hypothèse est que l’abbaye de Vézelay en serait la fondatrice, peut-être soutenue dans le projet par des donateurs laïques comme ce couple sculpté ou la femme de Hugues Gaudri-Guibourg, selon l’inscription sur son tombeau installé dans le narthex et datant de 1258. Ce dernier lui est par contre postérieur, il a été construit au début au XIVe siècle. C’est un porche large, ajouré et finement décoré.

Le clocher a été construit vers 1265, les trois premiers niveaux ont une base carrée et le dernier est de forme octogonale. Il est très aéré et décoré de statues d’anges aux quatre coins du troisième niveau. Le fronton représente le Christ, entourés par des saints, comme Saint Pierre, Marie-Madeleine ou Saint Jean.

L’intérieur de l’église est très lumineux et plutôt sobre, ce qui contraste avec la dentelle de pierre des pinacles et du fronton.

La découverte par hasard de cette très jolie église nous a beaucoup plu. La présence d’un bel édifice en gothique rayonnant était en effet inattendue dans un petit village icaunais.

Avez-vous fait aussi de belles découvertes lors de vos balades ?