Les fortes chaleurs s’installent pour plusieurs jours. Si vous êtes à la recherche d’un endroit naturellement frais et culturellement intéressant, j’ai une solution pour vous : les grottes d’Arcy-sur-Cure dans l’Yonne.
Localisation
Arcy-sur-Cure est un petit village de l’Yonne, situé à 20 km au nord de Vézelay et à 30 km au sud-est d’Auxerre. Il est aussi situé à 5km au nord du camp de Cora (site du néolithique puis camp gallo-romain).
Le site d’Arcy-sur-Cure regroupe la Grande Grotte (ouverte au public dans le cadre de visites guidées) mais aussi d’autres grottes le long de la Cure. Elles sont plus ou moins accessibles mais ont toutes fait l’objet de fouilles. La chaleur et la fatigue de nos enfants ne nous ont pas permis d’aller les découvrir mais la grotte aux Fées a l’air magnifique.
Nous avons donc visité la Grande Grotte. J’avais réservé la visite Découverte (1h) sur leur site internet et cela convenait bien à nos enfants (entre 6 et 11 ans). Le chemin est cimenté et est donc pratiquable en poussette voire en fauteuil roulant. Il faut aussi penser à se couvrir un peu car la température intérieure est de 12° toute l’année.
Les photos et les vidéos ne sont pas autorisées dans les zones fragiles. Le guide nous a permis d’en faire seulement dans les derniers espaces visités.
Formation des grottes
Il y a 150 millions d’années, au Jurassique, la région est recouverte par une mer peu profonde où se développent divers organismes maritimes dont des coraux. La colline contournée par le méandre de la Cure est en fait un récif corallien mesurant 100m de haut.
Mais au fur et à mesure des millénaires, des strates de sédiments, de calcaire et d’argile se sont accumulées. Les différents mouvements géologiques et l’érosion permettent à la Cure de creuser peu à peu des grottes karstiques et une vallée dans laquelle elle va couler.
Les différentes salles présentent des stalagmites, des stalagtites et aussi des concrétions magnifiques. J’ai peu de photos à vous montrer puisqu’il n’était pas possible d’en faire pendant la majeure partie de la visite. Mais, d’un point de vue géologique et esthétique, la visite est vraiment intéressante.
La Grande Grotte est connue et explorée dès le XVIIe siècle. Diverses personnalités, locales comme nationales (Vauban, Buffon, Daubenton, etc.), viennent la visiter et font parfois graver leur nom et la date de la visite sur une paroi de la grotte. Elle attire beaucoup de touristes et de spécialistes. Cependant, ses peintures rupestres ne seront découvertes que dans les années 1990. Elle s’étend sur 1,2 km avec un dénivellé total de 13 m.
A partir de 1946, l’ethnologue et archéologue préhistorien André Leroi-Gourhan va fouiller méthodiquement la Grande Grotte et les autres sites. Sa femme, Arlette Leroi-Gourhan, spécialiste de la paléopalynologie, permet, grâce à ses recherches, de dater plus précisément les périodes d’occupation des grottes et d’estimer les écosystèmes dominants.
La grotte a malheureusement été salie par des décennies d’exploitation touristique. En 1976, il est donc décidé de la nettoyer avec de l’eau chlorée sous pression. La grotte est ensuite régulièrement nettoyée avec de l’eau sous pression. En 1990, la chaîne FR3 est invitée par le nouveau propriétaire privé du site à tourner un reportage dans la Grande Grotte. De grands projecteurs sont installés et, sous cette forte lumière, un bouquetin apparaît en filigrane, sous une couche de calcite. D’autres peintures rupestres sont ensuite découvertes dans le dernier espace accessible.
Il est probable que de nombreuses peintures aient été détruites pendant les grandes opérations de nettoyage des décennies 1970 à 1990. Toutefois, 200 peintures sont actuellement répertoriées dans la Grande Grotte et il est possible que d’autres n’aient pas encore été découvertes.
Occupation des grottes d’Arcy à différentes périodes
Les premières traces d’occupation humaine remontent à au moins 200 000 ans avant notre ère, à la période du Moustérien typique (Paléolithique moyen). Leroi-Gourhan a déterminé 22 niveaux d’occupation humaine sur l’ensemble des grottes mais la Grande grotte a révélé moins de traces archéologiques. Sa grande fréquentation touristique à partir du XIXe siècle a pu détruire des vestiges non encore découverts.
Le site a donc d’abord été habité par les néandertaliens. Le matériel trouvé a même été à l’origine d’une grande polémique scientifique entre préhistoriens. L’homme de Néandertal était-il capable de créer des objets porteurs de symbolisme ? Etait-il capable physiquement et intellectuellement de fabriquer des objets de parure ? Le site d’Arcy-sur-Cure, notamment la grotte du Renne, a montré que les néandertaliens utilisaient des pigments sur les peaux travaillées, donnant ainsi une dimension symbolique à des objets du quotidien. Une pendeloque en os a ainsi été découverte dans la grotte du Renne.
C’est pour la période du Châtelperronien (42 000 à 32 000 avant notre ère) que les grottes d’Arcy-sur-Cure prennent toute leur importance. Les plus anciennes peintures pariétales en France sont celles de la grotte Chauvet (37 000 à 33 500 avant notre ère). Elles sont suivies par celles de la Grande grotte d’Arcy-sur-Cure (30 000 à 28 000 avant notre ère). Ce sont donc les plus vieilles peintures pariétales accessibles au public en France. Nous avions visité la grotte ornée du Pech Merle qui reste aussi accessible au public (25 000 à 13 000 avant notre ère).
A lire aussi : Notre visite des grottes de Limousis et du Pech Merle
La salle des peintures est impressionnante. On voit les différentes représentations d’animaux, une main négative d’enfant et l’espace de quelques secondes, on imagine la vie de ces familles, de ces groupes d’individus progressant dans les grottes, dans des conditions difficiles, pour aller y peindre des éléments de leur vie.
Les dernières années, nous avons aussi visité la grotte du Vogelherd (en Allemagne) et vu le site de Terra Amata à Nice. La Préhistoire est une période fascinante dont notre compréhension repose sur le matériel archéologique découvert et les hypothèses et analyses des spécialistes préhistoriens. On ne peut qu’espérer que d’autres découvertes majeures seront faites les prochaines années pour mieux l’appréhender.
Et vous ? Fasciné(e)s par la Préhistoire ?
Belle balade à la fraîche que tu nous offres avec culture comprise. ce qui ne gâche rien!
Je t’avoue que s’en devient insupportable dans le sud cette chaleur
Je regrette l’été, nous avons de beaux paysages mais ne pouvons en profiter parce que la chaleur écrasante nous oblige à nous terrer sous la clim derriere nos volets…
Nous avons eu quelques jours très chauds dans la Nièvre et c’était difficile à supporter. J’imagine ce que vous devez ressentir dans le sud avec cette chaleur permanente. Bon courage !