– J’en veux un !

– Non, tu en as déjà. Viens, on sort du magasin.

– Non, j’en veux un .

– Non, on en a déjà acheté plusieurs, tu n’en as pas besoin d’autres. Tu me donnes la main ?

– NON ! MAMAN ! J’EN VEUX UN !

– Arrête de crier ! Non, attends ! Viens ! Reviens ! Où vas-tu ?

– …

– Mais où es-tu ? On doit y aller. Viens !

C’est la scène à laquelle j’ai assisté la semaine dernière dans un magasin. Rien d’exceptionnel ! La maman a fini par retrouver son fils dans les rayons et partir en lui tenant la main et en le traînant, son fils montrant clairement son opposition en refusant d’avancer. Rien d’exceptionnel mis à part que la maman était une petite dame d’au moins 70 ans et son fils un grand gaillard de 40-50 ans.

Aidant familial, c’est un métier qui n’a jamais été choisi, sans soirée, ni week-end ou vacances. La rémunération est réduite, voire inexistante et le départ en retraite impossible. Des instituts existent où l’on peut placer la personne dépendante dont on a la charge mais cela a un coût financier et psychologique non négligeable. La carrière professionnelle est souvent ralentie voire abandonnée et la précarité guette les aidants familiaux. Leur espérance de vie est d’ailleurs plus courte de 15 ans en moyenne et 30% décèdent même avant la personne accompagnée.

Cette scène dans ce magasin m’a fait réfléchir, m’a attristée. Quand ma fille est stressée ou distraite, je peux encore la prendre par la main voire la porter. Mais qu’en sera-t-il dans cinq ou dix ans ? Quand nous serons avancés en âge, qui se chargera d’elle ? Nous, ses parents ? Son frère et sa sœur et leurs conjoints ?

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Ce soir, je suis en colère. Ce que nous avions envisagé pour notre fille, faire une seconde année de Vorschule (équivalent de la grande section) dans sa crèche, a été refusé. Nous avions pourtant bien argumenté et avions même fourni des courriers de ses thérapeutes expliquant le bien-fondé de notre démarche. Nous allons faire appel. Psychologiquement, cela a un coût.

En espérant que notre requête soit entendue…

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Photographie de couverture prise à La Charité-sur-Loire