Depuis des semaines, j’entends mes enfants chanter que « bald ist Nikolausabend da » (« que c’est bientôt la veille de la Saint-Nicolas »). Quand personne ne chante, la petite l’écoute en boucle sur sa Toniebox. Aujourd’hui, nous sommes le 6 décembre et Saint-Nicolas est enfin passé !
Qui est ce Saint-Nicolas ?
Il s’agit de Saint-Nicolas de Myre, né entre 280 et 286 à Patara en Lycie (dans l’actuelle Turquie) et décédé entre 345 et 351 à Myre (actuelle ville de Demre en Turquie). Ordonné prêtre par son oncle, évêque de Myre, à l’âge de 19 ans, il hérite de la fortune familiale à la mort de ses parents et la distribue aux pauvres, notamment sous forme de dots afin de sauver les jeunes filles de la prostitution. A la mort de son oncle et après un pèlerinage en Terre Sainte, il devient évêque de Myre et s’impose aussi comme un dialecticien redoutable contre l’arianisme lors du premier concile de Nicée en 325.
Il fait détruire le temple d’Artémis à Myre, distribue de l’argent aux pauvres, sauve de l’épée du bourreau un homme condamné à tort, sauve des navigateurs menacés de naufrage par une forte tempête, ressuscite trois jeunes garçons découpés par un boucher, etc. Le culte de Saint-Nicolas se développe d’abord localement. Deux siècles plus tard, une première église lui est consacrée à Constantinople. De l’Empire byzantin, il se répand en Russie où il y devient l’un des saints les plus révérés. Le missionnaire Liudger introduit le culte de Saint-Nicolas sur les terres allemandes au Xe siècle. Rapidement, celui-ci se développe avec déjà la vision d’un Saint-Nicolas protecteur des enfants et, à partir du XVIe siècle, d’un saint distribuant des présents aux enfants. Luther, opposé au culte des saints, dénonce en 1527 la tradition des cadeaux offerts aux enfants par Saint-Nicolas le 6 décembre comme quelque chose de puéril, voire un mensonge. Il remplace Saint-Nicolas par l’Enfant Jésus qui devient, sur les terres protestantes, celui qui distribue les présents aux enfants. A la fin du XVIe siècle, les processions en l’honneur de Saint-Nicolas y sont même interdites. Aujourd’hui encore, certaines terres protestantes célébrent davantage le Christkind que Saint-Nicolas.
Le culte de Saint-Nicolas, très populaire, évolue et se différencie selon les régions et les pays où il est maintenu. Selon les régions, il vient seul ou accompagné d’un homme (Zwarte Piet, Knecht Ruprecht, Hans Muff, Hans Trapp, etc.) chargé d’effrayer voire de punir les enfants désobéissants. Il est assis sur un âne ou descend d’un bateau venu d’Espagne en chevauchant un cheval blanc.
Il se dédouble en un personnage légendaire par l’évolution du Sinterklaas (Saint-Nicolas néerlandais) en Santa Claus en lien avec l’émigration hollandaise aux États-Unis. Quelques décennies et quelques publicités plus tard, le père Noël apparaît, toujours habillé en rouge mais ayant perdu la mitre et la soutane de l’évêque et ayant acquis un air plus jovial et une adresse au pôle Nord.
Comment le célèbre-t-on dans le nord de l’Allemagne ?
Le 5 décembre au soir, les enfants doivent nettoyer leurs chaussures, intérieur comme extérieur. Ils sont motivés et appliqués. Ensuite, ils mettent leurs chaussures et une petite assiette de gâteaux devant la porte d’entrée et vont se coucher. Mon mari a alors tout rentré et a préparé les bottes pour le lendemain en y glissant déjà les sucreries et les chocolats. Traditionnellement, dans sa famille, on offre des livres pour la Saint-Nicolas.
Nos enfants sont matinaux… mais nous nous doutions qu’ils le seraient encore plus aujourd’hui. Vers 05h30, nous avons donc tout ressorti sans bruit, vidé l’assiette et allumé la bougie.
Les enfants étaient rapidement réveillés et sont vite allés ouvrir la porte. Les deux grands étaient très contents… et la petite surtout intéressée par la bougie qu’elle a soufflée et rapporté à l’intérieur, se désintéressant totalement du reste.
Les chocolats et les livres ont beaucoup plu aux enfants et nous avons pris le petit-déjeuner à la lumière des bougies de la pyramide de Noël et de celles de la couronne de l’Avent.
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Fêtez-vous Saint-Nicolas avec vos enfants ? J’ai appris que l’on retrouvait les mêmes traditions de l’Avent en Alsace et dans les Vosges ainsi qu’en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas. Qu’en est-il chez vous ?
Coucou moi je viens de Nancy et le saint Nicolas est très fêté. Il y a un defilé avec des chars et les personnes sur les chars jettent des bonbons aux enfants.
Le Saint Nicolas apporte qqchose aux enfants sage et son homonyme méchant, le père fouettard s occupe des galopins.
Coucou, ça doit être vraiment un événement pour les enfants de voir le défilé de Saint-Nicolas. J’aurais bien envie de le voir en famille mais Nancy est un peu loin de Hambourg pour un aller-retour sur un week-end.
Chez nous les coutumes se mélangent….. Entre France et Allemagne, catholique et protestant….
Du coup en l espace de 6 semaines on a Sankt Martin, le Pelzmartel, der Nikolaus, das Christkind et le père Noël.
Mon plus jeune ayant perdu une dent hier on a ajouté en plus ce matin le passage de la petite souris / Zahnfee…. Un sacré mdli Mélo mais dans 1 an il y croira sûrement plus…. Donc on profite de ces derniers instants de magie.
Merci pour cet article comme toujours très intéressant 🙂
Le Pelzmartel ? Je n’en avais jamais entendu parler. Novembre et décembre sont les mois préférés de tes enfants ? 😉
Merci beaucoup pour tes commentaires !
Dans la famille de mon mari (belge) c’est à la Saint-Nicolas que les enfants reçoivent les « gros cadeaux fun » tandis ce que Noël est plutôt le moment où ils recevaient des livres, de la part de leurs parents.
Avec nos enfants franco-belges on va essayer (ils sont encore très petits) de faire un mix de nos traditions respectives car j’ai aussi envie qu’ils croient au Père Noël.
Vos enfants croient aux deux ? Pas de gaffe des belles-familles à ce sujet ? (Je redoute que le secret sur le Père Noël soit vite révélé dans ma belle-famille).
C’est important de garder les traditions des deux pays. Chez nous, pas de risque de gaffe car nous n’avons pas fait croire au père Noël ou à Saint-Nicolas aux enfants mais avons quand même gardé les traditions. Pour vous, la solution est peut-être de fêter Saint-Nicolas avec la famille belge et Noël avec la famille française ? Comme ça, chaque famille retrouve ses traditions.
Merci pour ce petit rappel historique et religieux. Ici point de St Nicolas, mais quand j’étais enfant mes voisins belges le fêtaient et partageaient leurs chocolats avec nous !
Très sympa de la part de ces voisins ! Moi aussi, je n’ai jamais fêté Saint-Nicolas quand j’étais enfant.
Tu me donnerais envie de le fêter. Merci pour cette belle histoire ! Je connaissais bien sûr l’histoire des enfants mis au saloir par le boucher, mais pas les aspects les plus historiques. Bonne fête à vous !
Je suis sûre que tes enfants seraient partants pour rajouter Saint-Nicolas au calendrier de l’Avent et à Noël…
Très jolie tradition pour les enfants. Etant du sud de la France, contour de la méditerranée, nous ne fêtons pas la Saint Nicolas seulement le père Noël. Ayant des origines Piémontaises (Italie du Nord) il y a une tradition dans le même style mais la date est en Janvier… Pour l’épiphanie, dans le Nord de l’Italie, ils fêtent la befana, la gentille sorcière qui amène des friandises en forme de morceaux de charbon parce que la tradition veut rappeler lors des épisodes de disettes les morceaux de charbon étaient les bienvenus pour se chauffer… La Befana porte les friandises aux enfants sages et la méchante sorcière la strega s’occupe de faire peur aux enfants qui n’ont pas été sages.
J’avais déjà entendu parler de la Befana mais je ne savais pas que les friandises ressemblaient à des morceaux de charbon. Je ne connaissais pas non plus la sorcière méchante.
Merci pour ces explications très intéressantes !
Ce n’est pas une tradition bien ancrée chez nous, mais cette année, nous en avons parlé avec Cracotte 🙂
Belle Saint-Nicolas à vous !
Je ne l’ai jamais fêté en France mais ici, c’est vraiment important. Aujourd’hui, ma fille avait son petit sachet de chocolats dans son vestiaire à la crèche et les deux grands ont reçu des clémentines et du chocolat de la part de leurs maîtresses.
Très intéressant ton petit récap historique. Ici on n’a jamais fêté la saint Nicolas mais je suis contente d’en apprendre un peu plus.
Et moi je suis contente que tu ais aimé mon article ! 😉
Chez nous (dans le Pays Basque), on ne fête pas la saint Nicolas. On fête Olentzero, soit le jour de l’hiver (22 décembre), soit la veille de Noël (24 décembre) suivant les lieux. Mais comme la saint Nicolas (et l’Épiphanie) sont fêtés juste de l’autre coté de la frontière, je pense qu’on ira montrer ça à nos enfants quand ils seront plus grands.
Je ne connaissais pas la fête d’Olentzero. Comment la célèbre-t-on ? J’aimerais bien aller en famille voir l’arrivée des rois mages à Barcelone le 6 janvier mais les enfants sont encore un peu petits pour vraiment en profiter. On verra ça dans 2-3 ans.
Comme pour Saint-Nicolas, les traditions varient d’un village à un autre. Olentzero serait un charbonnier qui descend de ses montagne annoncer le retour de la lumière, ou l’arrivée de Kixmi (Jésus). Dans certin village, il est représenté par un personnage de paille, dans d’autre, c’est un homme qui se déguise en Olentzero, parfois il distribue des bûches, parfois des friandises. Dans tous les cas, on chante beaucoup de chants (en basque) autour de ce personnage. Chez nous, le dernier vendredi avant les vacances de Noël, tous les enfants des écoles se déguisent (en Olentzero pour les garçons et avec des tenues traditionnelles pour les filles) et se réunissent pour chanter ensemble. Et la mairie offre le goûter à tout le monde.
Merci pour ces explications ! Ça me donne envie d’en savoir plus sur la tradition d’Olentzero. J’imagine que c’est une fête très attendue par les enfants.