Notre semaine à Clamecy nous a permis d’explorer le nord de la Nièvre et le sud de l’Yonne. J’avais déjà entendu parler de Druyes-les-Belles-Fontaines comme étant un joli village et nous avons donc décidé d’y passer une journée. Druyes est d’ailleurs l’un des villlages proposés pour l’émission « Le village préféré des Français » cette année. Le classement a été rendu public en juin et Druyes est arrivée à la quatrième place. A proximité, Sancerre avait été élu à la première place en 2021.

A lire aussi :

Sancerre, la ville éponyme du vin et du fromage

Histoire du village

Selon la légende, Saint Romain vient s’installer en ermite dans une grotte de la falaise au VIe siècle. Romain de Subiaco est un moine italien qui a d’abord servi l’ermite Benoît de Nursie dans le Latium. Il quitte sa terre natale vers 530 et arrive à Druyes, probablement attiré par la réputation de Saint Germain l’Auxerrois (mort une centaine d’années auparavant). Sa réputation de piété attire les foules et il crée un monastère en contrebas de sa grotte. Un village se forme à proximité du monastère. Il meurt vraisemblablement vers 560.

La croix de bois désigne la grotte où Saint Romain aurait vécu en ermite. Elle est visible depuis l’étang de Druyes.
Source de l’image.

La première mention de Druyes est faite dans le règlement de Saint Aunaire, évêque d’Auxerre entre 572 et 603. Dans ce document sur la disciple ecclésiastique, il nomme les paroisses de son diocèse, dont Drogia (Druyes). Du XIe siècle au XIIIe siècle, le comté d’Auxerre dépend du comté de Nevers. Au XIVe siècle, le comté est vendu au roi Charles V qui fait donc entrer le territoire dans le domaine royal.

Le viaduc

Nous avons d’abord découvert le village et le château depuis le viaduc. Ce dernier a été construit entre 1880 et 1884 pour la ligne de chemin de fer Surgy-Triguères. Le viaduc a été utilisé par des trains de marchandises et de voyageurs jusqu’en 1942.

La ligne n’est donc plus exploitée depuis des décennies et elle est, en partie, devenue un parcours de tourisme vert.

Vue sur le château depuis le viaduc
Vue sur le viaduc depuis le château

L’église Saint-Romain (XIIe siècle)

Un premier monastère et une église auraient été fondés par Saint Romain au VIe siècle. Le premier aurait été abandonné au IXe siècle face à l’avancée des raids normands et la seconde détruite par un incendie à la fin du XIe siècle. Vers le milieu du XIIe siècle, une nouvelle église, dédiée à Saint Romain, est construite. C’est un édifice principalement roman.

Le tympan est nu mais les voussures et les chapiteaux témoignent d’un travail de la pierre de grande qualité.

L’intérieur de l’église permet aussi de voir de beaux chapiteaux sculptés mais aussi des lavabos liturgiques. Ces derniers sont en général situés dans le chœur ou la sacristie mais ici, à Druyes, ils sont dans les absidioles. Le lavabo liturgique sert au prêtre pour se laver les mains pendant la messe et avant de placer l’offrande du pain et du vin sur l’autel. En même temps, le prêtre récite un verset du psaume 25 : « lavabo inter innocentes manus meas et circumdabo altare tuum Domine », ce qui signifie « Je laverai mes mains en signe d’innocence pour approcher de ton autel, Seigneur. »

Notre mot « lavabo » est donc en fait la première personne du singulier du verbe latin lavare conjugué au futur, « je laverai ». Il est passé dans le langage courant pour désigner la vasque que l’on utilise pour sa toilette.

Le long de la rivière Druyes

Le village est divisé entre une partie basse le long de la rivière et de l’étang et une partie haute au nord du château.

La basse-cour

La partie haute du village a une forme triangulaire qui était auparavant la basse-cour du château, entourée de fortifications. On le voit sur cette lithographie de 1827.

Source de l’image
L’ancienne basse-cour

Le château-fort

Le site est idéal pour un château-fort, en bordure de plateau, dominant les environs et avec une pente abrupte d’un côté. Un premier château est construit au XIe siècle mais il est reconstruit vers le milieu du XIIe siècle par les comtes d’Auxerre et de Nevers. Un plan typique des châteaux-forts philippiens (époque de Philippe-Auguste) est adopté : les tours d’angle ne sont plus carrées mais rondes. Cette innovation est efficace pour la surveillance des environs et la défense du château et réduit aussi le coût de fabrication.

La tour-porte (haute d’une vingtaine de mètres)

La visite du château-fort est très intéressante. La vue depuis le niveau supérieur de la tour-porte permet de bien comprendre le plan défensif du château-fort, tout en admirant la campagne aux alentours.
Plus d’informations sur les conditions d’ouverture sur le site internet du château !

Notre journée à Druyes-les-Belles-Fontaines nous a beaucoup plu. C’est un village très joli avec des quartiers très différents. Les ruines du château sont impressionnantes et laissent imaginer la splendeur passée du lieu. Si vous séjournez entre le nord de la Nièvre et le sud de l’Yonne, je ne peux que vous conseiller de venir découvrir ce bel endroit.