La journée d’hier fut une journée peu productive : j’ai eu mal à la tête une grande partie de la journée, les enfants auraient eu envie de faire une promenade et je n’ai pas du tout travaillé. De plus, les devoirs pour les deux grands ne sont arrivés que ce matin et mon aîné a tourné comme un lion en cage de ne rien à avoir à faire. Les enfants étaient énervés et se sont chamaillés. Bref…

Mais le moral reste globalement bon. La mère de mon beau-père était en quarantaine depuis deux semaines car elle avait eu un rendez-vous avec son kiné… qui avait été testé positif au coronavirus deux jours plus tard. Heureusement, la quarantaine vient d’être levée et elle n’a pas été contaminée. Je pense fort à ma nièce qui est médecin et travaille aux urgences d’un hôpital en France. Elle a déjà traité plusieurs patients atteints par le coronavirus mais n’a pas été contaminée. Nous parlons beaucoup du personnel soignant avec les enfants. En Allemagne, les applaudissements ont lieu à 21h. C’est malheureusement un peu tard pour mes enfants et nous n’avons pu le faire qu’une seule fois avec eux.

Même si nous ne sommes pas en confinement comme en France (les déplacements sont autorisés sans justificatif mais il est fortement recommandé d’éviter tout lieu pouvant nous mettre en contact avec d’autres personnes), les mesures de distanciation sociale font que nous ne voyons personne. Je ne sors pas de mon quartier, je dirais même que je ne sors pas des rues menant au supermarché, à la boulangerie et au parc. Nous essayons toujours de faire une excursion (en voiture) par semaine dans une zone naturelle protégée… mais je n’ai pas participé aux deux dernières afin de pouvoir rattraper mon retard pour le travail. En effet, mon mari n’est pas en télé-travail et je ne réussis pas à me concentrer suffisamment en étant avec les enfants.

Relativiser…

Quand on me dit pandémie mondiale, j’ai forcément envie de rechercher des informations et de comparer notre situation actuelle avec celle de l’Europe lors de la Grande Peste de 1347, de celle de Marseille en 1720 et de la grippe dite espagnole en 1918. Cependant, je souhaite préciser que relativiser ne veut pas dire minimiser. Je ne minimise aucunement les décès et les souffrances provoqués par le covid 19, j’essaie juste de l’inscrire parmi les autres pandémies que l’Europe (et le monde) a connues. Cela me semble important car j’ai lu beaucoup de messages alarmistes, voire de fausses nouvelles visant apparemment à faire paniquer les personnes les lisant.

La Peste noire a touché l’Asie, l’Europe, l’Afrique du Nord et même l’Afrique subsaharienne. Pour l’Europe, entre 30 et 50% de la population est décédée, ce qui représente environ 25 millions de morts. Les sociétés furent durablement marquées par cette maladie récurrente et terrible mais dont le mode de transmission était inconnu. L’un des moyens le plus efficace pour se protéger de la peste était… de porter un diamant. En effet, ceux qui avaient les moyens de s’acheter un diamant avaient assez d’argent pour vivre dans de meilleures conditions d’hygiène et d’alimentation et étaient donc un peu moins touchés que les classes populaires.

La peste est régulièrement réapparue jusqu’au dernier tiers du XVIIe siècle, le dernier grand épisode de peste fut à Marseille et en Provence en 1720. Entre mai et octobre 1720, près de 50 000 personnes sont mortes de la peste, soit la moitié de la population marseillaise. A Marseille et dans toute la région de la Provence, la peste aura tué entre 90 000 et 120 000 personnes pour une population totale de 400 000 habitants avant l’épidémie.

Enfin, l’exemple le plus proche de ce que nous vivons actuellement est celui de la grippe espagnole en 1918-1919. Bien qu’elle soit apparue aux États-Unis, on la dit espagnole car l’Espagne était neutre et a publié des informations non censurées en plein contexte de guerre et de propagande pour les autres pays touchés. La grippe espagnole a tué entre 20 et 40 millions de personnes, sa dangerosité étant aussi accentuée par le fait qu’elle a touché des populations déjà affaiblies par les fortes privations liées aux années de guerre.

Je ne cherche pas à minimiser ce que nous vivons actuellement, bien au contraire. Je souhaite seulement relativiser par rapport à ce que les générations précédentes ont pu vivre. Il en est de même avec le confinement ou les fortes mesures de distanciation sociale que nous connaissons en Allemagne. Certes, le confinement de plusieurs pays pendant plusieurs semaines est inédit mais il faut se rappeler que les Belges et les Français du nord et de l’est ont été confinés pendant tout le temps de l’occupation militaire allemande pendant la Première Guerre mondiale. Conquis dès le début du conflit et situés à l’arrière du front, ces territoires avaient subi la confiscation de tous les moyens privés de transport. Le courrier était extrêmement limité et soumis à la censure et même les pigeons avaient été abattus pour éviter qu’ils ne soient utilisés pour transmettre des informations. Les habitants étaient certes libres de se déplacer dans leur commune mais le risque d’être exécuté était bien présent. A ce danger se rajoutaient la sous-alimentation et les pénuries et la quasi-impossibilité d’avoir des nouvelles de ses proches.

J’ai lu quelques articles et posts s’interrogeant sur le traumatisme laissé par le confinement sur les enfants. Certes, le confinement est une situation catastrophique pour les enfants souffrant de pathologies nécessitant une prise en charge et des soins réguliers mais aussi pour ceux vivant dans un environnement violent, que la violence soit psychologique et/ou physique. Les enfants et adolescents en foyers se retrouvent confinés dans un espace généralement restreint, souvent sans véritable espace vert et sans même la possibilité de s’isoler dans une chambre individuelle. Je vous invite à lire cet article du Monde sur la situation dans les foyers pour mineurs.

Mais je ne pense pas que les autres enfants en garderont des séquelles. Ce qui n’aura pas été fait à la maison (en continuité pédagogique…) sera rattrapé et compensé par les enseignants à la reprise de l’école, que celle-ci ait lieu avant ou après les grandes vacances. La situation est bien sûr stressante, elle modifie profondément notre quotidien, elle nous met dans un entre-deux inconfortable, sans savoir réellement quand nous retrouverons nos habitudes mais nous savons pourquoi nous l’acceptons et le faisons. Nous avons un but, un objectif, noble qui plus est : celui de limiter la propagation de ce virus et de protéger la vie des personnes à risque et celle de tous ceux qui travaillent au contact de nombreuses autres personnes pour que notre société continue à avancer : le personnel soignant mais aussi les éducateurs, les policiers, les caissières, les éboueurs, etc.

… et fêter son anniversaire !

Ma cadette vient d’avoir six ans ! Elle se réjouissait depuis des mois, avait longtemps réfléchi à sa liste d’invités et de cadeaux. Nous avions réservé un anniversaire au musée de l’archéologie de Hambourg… qui a été bien sûr annulé. Elle a pleuré, a été triste plusieurs jours, nous a dit que ses amis lui manquaient, que ce n’était pas juste. Nous en avons beaucoup parlé, elle sait pourquoi les écoles, les musées, les restaurants, etc. sont fermés. Elle sait aussi pourquoi nous n’avons pas invité ses grands-parents ni ses arrières-grands-parents le jour de son anniversaire et finalement, elle l’a bien accepté.

Le jour J, nous avons fait un petit effort de décoration et avons surtout compensé par les cadeaux qu’elle rêvait d’avoir depuis des mois : une montre et des boucles d’oreilles… qui resteront encore quelques semaines dans leur boîte, le temps de pouvoir lui faire percer les oreilles. Elle a aussi eu un puzzle, un jeu de société et des livres de notre part. Ses grands-parents allemands ont déposé un sac devant notre porte et nous les avons ensuite salués depuis le balcon. Ce fut finalement une chouette journée pendant laquelle nous avons mangé un gâteau excellent (commandé à mon amie pâtissière), beaucoup joué, chanté, dansé, parlé et c’est promis, on refêtera son anniversaire quand ce virus méchant sera parti.

Aussi bon que beau !
Au chocolat comme souhaité par une grande fille de six ans !

Cette journée se termine. Même si j’ai encore beaucoup de travail à rattraper, je suis contente d’avoir pris un peu de temps pour le blog, pour moi.

Prenez bien soin de vous et de vos proches et bon courage !

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