Vous le savez, je suis passionnée d’histoire et de géographie et je travaille d’arrache-pied à transmettre ma passion à mes enfants en les emmenant visiter des lieux historiques et des musées depuis leur plus tendre enfance…

Que ça soit de la faïence, des Vikings, des biberons datant de l’Antiquité ou des métiers à tisser, nous visitons le musée tous ensemble. Certains thèmes les passionnent davantage que d’autres, certains musées sont plus adaptés à une visite avec des enfants mais il y a toujours un moyen de les intéresser à ce qui est exposé.

Alors, comment assouvir sa soif de culture sans dessécher sa progéniture ?

1. Ne pas se fixer d’objectif inatteignable pour soi-même.

En effet, rien ne sert d’espérer voir tout le Louvre dans le calme et le recueillement en emmenant un ado neurasthénique, une fan de techno et un petit en plein terrible two. Visiter un musée avec des enfants ne permettra pas de passer autant de temps qu’on le souhaite devant une œuvre. Quand j’étais étudiante en histoire de l’art, je pouvais aller au Musée d’Orsay uniquement pour admirer et détailler « Labourage nivernais », « Un enterrement à Ornans » ou « Le pauvre pêcheur ». J’y passais de très longues minutes. Désormais, si je passe quelques longues secondes devant une œuvre tout en maintenant la petite, en donnant un mouchoir à la cadette et en répondant aux questions du grand, j’ai atteint mon objectif.

2. Vérifier que le musée a une muséographie aérée.

Aller dans un musée avec des salles petites et des espaces étroits est la certitude de voir monter son stress au fur et à mesure que ses enfants se rapprochent des vitrines. Les enfants ont besoin d’espace, de pouvoir marcher sans risquer de bousculer un vase de porcelaine millénaire, ni de caresser du coude une peinture présente dans tous les manuels d’histoire de l’art. Le musée doit être adapté à leur âge dans sa configuration, il vaut toujours mieux vérifier avant si les poussettes sont autorisées, si des ascenseurs permettent d’accéder aux étages supérieurs, etc.

Archäologisches Museum de Hambourg : j’ai trouvé cette partie très intéressante. Le plan de métro est reproduit au sol et on voit où chaque objet a été trouvé. En appuyant sur le petit bouton pour demander l’arrêt, on entend les explications sur les fouilles et sur l’objet.

3. Vérifier que la thématique du musée est adaptée à leur âge.

Même si j’ai déjà parlé de la Seconde Guerre mondiale et un peu de la Shoah à mes aînés, je ne les emmènerai pas voir la Topographie des Terrors à Berlin par exemple car ils sont encore trop petits pour être confrontés à des images ou des lieux de mort. Pour des raisons à la fois de configuration et de thématique, nous n’avons pas visité le Musée de la Mine à Saint-Étienne car nous craignions que ça ne soit trop impressionnant pour les enfants.

4. Y aller à deux adultes (si possible).

La petite est une adepte de la visite au pas de charge et de l’escalade. En général, je la suis à travers les salles et une fois arrivées au bout du musée, on revient au même rythme (tout en l’empêchant d’escalader les fenêtres) et on retrouve mon mari et les deux grands dans la seconde salle et on échange les rôles. Parfois aussi, elle ralentit et observe un objet et dans ce cas, j’en profite pour l’observer avec elle. En étant à deux, c’est quand même beaucoup plus pratique.

5. Les préparer en amont.

On s’intéresse souvent davantage à quelque chose que l’on a déjà vu, que l’on va reconnaître. Quelques jours ou quelques heures avant la visite, on peut regarder des livres traitant la thématique du musée ou présentant certaines œuvres ou certains artistes. Donner juste un détail d’un tableau est une bonne méthode pour motiver les enfants à bien observer afin de retrouver celui-ci lors de la visite du musée.

Albrecht Dürer a, certes, perdu son autoportrait et ses pinceaux mais il est devenu pote avec Thor et sait désormais nourrir les bébés rhinocéros et les licornes.

6. Leur expliquer notre envie de visiter ce musée.

Nos enfants ne connaissent pas forcément nos goûts. Leur parler de nos passions, de notre souhait de voir telle œuvre d’art ou telle technique peut leur donner l’occasion de partager avec nous ce qui nous tient à cœur et ce qui nous fait plaisir. Il peut être utile aussi de leur expliquer ce qu’on fera après la visite.

7. Vérifier, avant de commencer la visite, que personne n’a faim ou ne veut faire pipi.

C’est en général quand on est à l’opposé des toilettes qu’un enfant veut absolument faire pipi dans l’urgence. Il vaut mieux prévoir une visite courte (deux heures par exemple) si les enfants sont petits et aller au musée de préférence le matin. On évite ainsi l’affluence des touristes (ou on la limite pour les grands musées) et on visite tant que les enfants ne sont pas trop fatigués par leur journée.

8. Adapter la visite à leurs centres d’intérêt.

Mon aîné et ma benjamine sont des passionnés du rail, la cadette aime les chevaux et les licornes par exemple. Quand ils commencent à s’ennuyer, on va chercher ensemble si on trouve des trains, des chevaux, etc. dans les tableaux. Une fois qu’on en a trouvés, on essaie de comparer comment ils sont peints, si on peut bien les reconnaître ou si les traits sont plutôt géométriques, quelles sont les couleurs employées, si elles sont réalistes ou pas. Ce que mes enfants adorent aussi, c’est chercher les petits détails dans les tableaux. Le tableau préféré de mon fils à la Kunsthalle de Hambourg est celui sur lequel on voit un homme et un cheval faire pipi…

9. Accepter que leur intérêt se fixe totalement ailleurs.

On a réservé les billets pour un musée exposant des œuvres particulièrement célèbres ou le squelette de tyrannosaure le plus complet… et ils n’ont d’yeux que pour les fauteuils vaguement designs, voire les poubelles. Bon, c’est comme ça ! Ils auront retenu quelque chose d’original.

Visite de l’Archäologisches Museum de Hambourg : l’activité préférée de ma benjamine, se cacher et nous faire coucou.

10. Les laisser aller à leur rythme.

L’avantage de venir à deux adultes (voire plus), c’est de laisser à chaque enfant la possibilité de passer tout le temps qu’il souhaite devant l’objet ou l’œuvre qui va, tout d’un coup, l’intéresser au plus haut point. Mon fils avait ainsi passé une bonne demi-heure devant l’écran des météorites au Naturhistorisches Museum de Vienne tandis que ma cadette a détaillé toutes les vitrines de la Galerie de Paléontologie du Muséum à Paris.

C’est toujours intéressant de demander aux enfants, quelques semaines après la visite d’un musée, d’un château, etc., ce dont ils se souviennent et ce qui leur a le plus plu. Parfois, c’est un détail insolite que nous n’avions même pas remarqué, parfois c’est le fait que les toilettes avaient aussi un lavabo bas pour les enfants et parfois, des mois après une visite, leurs souvenirs et la justesse de leur analyse sont tellement forts que c’est émouvant de voir qu’on a réussi à éveiller leur sensibilité artistique et leur intérêt pour les hommes d’autres temps ou d’autres civilisations.