Nous sommes lundi matin, les enfants s’occupent plutôt bien seuls. L’aîné fait ses devoirs de maths (en commentant tout ce qu’il fait), la cadette fait des perles (en disant aussi à haute voix quelles couleurs elle va prendre pour faire les oreilles du lapin, etc.) et la benjamine joue aux légos (en poussant des petits cris de joie). Bref, c’est calme mais pas vraiment silencieux.

J’ai beaucoup travaillé hier matin et hier soir et j’ai réussi à finir ce matin le plus important de ce que j’avais à faire pour aujourd’hui. Je recommencerai cet après-midi quand mon mari sera rentré du travail.

En effet, l’Allemagne n’est pas en confinement, ou, tout du moins, pas toute l’Allemagne. Le confinement (Ausgangssperre en allemand) est une décision qui relève de chaque Bundesland (région). Hier, la chancelière Angela Merkel et les ministres-présidents des Bundesländer ont donc décidé de s’orienter vers une restriction maximale des contacts sociaux pendant une durée minimale de deux semaines.

Il est ainsi interdit de se réunir à plus de deux personnes et il faut garder une distance minimale de 1,5 mètres (deux mètres si possible). Ces règles ne s’appliquent pas aux membres d’une même famille vivant ensemble ni aux services de garde minimum des crèches, écoles primaires et collèges (proposé jusqu’en classe de 5ème) qui restent ouverts. Les déplacements restent autorisés, y compris pour se promener ou faire un peu de sport mais en étant au maximum à deux, tout en gardant la distance minimale. Toute réunion de plus de deux personnes, y compris dans son propre logement, est interdite. Les bars et restaurants sont fermés sauf leur service de livraison (s’ils en ont un). Seuls restent ouverts les lieux de vente d’alimentation et d’objets de première nécessité.

Mais la Bavière est la seule région à avoir pris des mesures différentes : il est interdit de se retrouver avec une personne qui ne loge pas dans son propre foyer mais les courtes promenades restent autorisées. Angela Merkel est, par ailleurs, en quarantaine à son domicile car le médecin qu’elle a vu vendredi pour se faire vacciner contre le pneumocoque, a été, entre temps, testé positif au coronavirus. Enfin, il y a actuellement plus de 26 000 cas confirmés de coronavirus en Allemagne (contre 16 000 en France). Hambourg atteint presque 1000 cas.

Nous sommes donc isolés chez nous et n’avons eu aucun contact (à part par vidéo) avec nos proches depuis que nous sommes rentrés de nos vacances dans la Nièvre. Les deux grands appellent régulièrement leurs amis par vidéo et c’est mignon de les voir bavarder et montrer leurs affaires à leurs amis de façon aussi spontanée. Seul mon mari ou moi allons faire les courses, sans jamais emmener les enfants. Il y a d’ailleurs des marques au sol pour respecter les distances quand on fait la queue. A la boulangerie, seuls deux clients sont autorisés en même temps, les autres font la queue, à distance, dehors.

Nos enfants acceptent avec philosophie la situation. Les premiers jours ont été un peu tendus mais depuis, l’ambiance est plutôt bonne et l’aîné a même moins tendance à embêter la cadette. « Je m’ennuie » est quand même devenu une phrase récurrente que l’on entend des dizaines de fois par jour.

Pour se détendre et s’aérer, nous essayons de proposer une sortie aux enfants chaque jour : la plupart du temps, nous allons nous promener dans le parc à côté de chez nous. Pour l’instant, nous avons fait de petites excursions (en voiture) dans des zones naturelles peu fréquentées comme le marais du Wittmoor ou la Fischbeker Heide et ce week-end, mon mari et les enfants ont jardiné… sur le balcon.

Point positif de taille… mon mari étant plus souvent à la maison, c’est donc plus souvent lui qui cuisine. Il adore ça, je déteste ça. Comme il est un Bavarois de Hambourg ou un Hambourgeois bavarois, nous mangeons régulièrement des plats de là-bas. Hier, le repas était à base de Frikadellen et de Krautsalat (une salade de chou cru râpé) et nous nous sommes tous bien régalés. Les enfants semblent heureux d’échapper à mes piètres prestations gastronomiques.

Je suis assez mitigée sur le fait de ne pas être en confinement. D’un côté, c’est certain que nous avons un rythme de vie moins angoissant mais d’un autre côté, je vois aussi beaucoup de gens qui ne semblent pas encore complètement prendre les mesures au sérieux. L’épidémie est en pleine croissance. Pour la seule journée d’hier, cent personnes supplémentaires ont été testées positives à Hambourg.

Prenez bien soin de vous et bon courage à tous ceux qui sont en confinement !

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