Cette semaine, je n’arrive pas à écrire, la cause à trop d’émotions négatives. J’ai commencé à écrire quatre ou cinq articles mais n’ai réussi à en finir aucun. Le 11 novembre m’a particulièrement marqué cette année, probablement parce qu’il s’agit du centenaire de l’armistice de la Grande Guerre, cette boucherie qui a traumatisé des générations entières et dont le Traité de Paix a principalement préparé la prochaine guerre.

Presque 9 millions de morts militaires et 9 millions de morts civiles : des centaines de milliers d’orphelins, de veuves de guerre et de parents orphelins de leurs enfants ! Les cercles familiaux et amicaux décimés ! Le Traité de Versailles et ses clauses revanchardes ont profondément humilié l’Allemagne et rendu impossible une réconciliation entre les belligérants.

Je suis française, mon conjoint est allemand. Il y a cent ans ou même soixante-dix ans, notre couple aurait été impossible (à moins de rompre avec nos familles et nos pays). Nos enfants, franco-allemands, auraient été rejetés dans les deux pays. Le roman autobiographique Cochon d’Allemand, de Knud Romer, m’avait beaucoup marqué car l’auteur raconte les brimades et l’ostracisme qu’il a subi,enfant, dans le Danemark des années 1960-1970 car sa mère est allemande. Nous parlons beaucoup de l’histoire de nos deux pays à nos enfants, cela me semble fondamental pour leur permettre de bien vivre leur double-culture et leur double-nationalité.

Le 12, nous avons malheureusement eu une mauvaise nouvelle quant à la santé de notre petite. Le 13, j’ai beaucoup repensé aux attentats qui avaient ensanglanté Paris en 2015. À ce sentiment d’impuissance et d’horreur ! Aux collègues qui étaient venus me voir le lundi (je suis la seule Française dans mon travail, tous les autres sont allemands)… et à ceux qui ne s’y étaient pas spécialement intéressés. À la minute de silence que nous avions faite (à l’initiative de mon chef) et qui avait exaspéré certains. J’ai repensé à ces familles brisées, à ces initiatives de parents ou de proches de personnes décédées lors des attentats.

La vie continue et les morts restent dans nos mémoires.