Parce que le devoir de mémoire est indispensable, parce que la montée de l’extrême-droite fait peur, j’ai décidé d’aller visiter les lieux de mémoire à Hambourg et de vous les présenter ici.

Les autres lieux de mémoire à et près de Hambourg :

Localisation

Le pavillon d’information et le lieu de mémoire sont situés dans le Lohsepark. Les stations de métro les plus proches sont HafenCity Universität (U4) et Meßberg (U1).

Le centre de documentation est en construction et devrait être inauguré en 2026. Actuellement, le pavillon d’information est ouvert du lundi au dimanche de 12h à 18h (avril-octobre) et sur rendez-vous de novembre à mars. Le lieu de mémoire est accessible en permanence. En été, une visite guidée est organisée tous les 4èmes mercredis du mois de 18h00 à 20h00.

Histoire de la gare

La gare de Hanovre (der Hannoversche Bahnhof) s’est d’abord appelée gare de Venlo (Venloer Bahnhof) jusqu’en 1892 (Venlo est une ville des Pays-Bas). Elle a été inaugurée en 1872 et était située sur l’île de Grasbrook, au sud de ce qui deviendra la Speicherstadt. Cette gare de tête de ligne a joué le rôle de gare principale de Hambourg jusqu’à l’ouverture de la gare principale (Hauptbahnhof) en 1906.

En rose, l’emplacement de la gare. Source de la photographie

A partir de 1907, elle devient une gare de marchandises. L’accueil de passagers y est alors exceptionnel, par exemple pour l’acheminement des troupes pendant la Première Guerre mondiale.

Source
Photographie prise en 1931 Source

La gare de déportation (Deportationsbahnhof) 1940-1945

Der Hannoversche Bahnhof est choisie comme gare de déportation pour sa localisation car elle était à la fois proche du centre-ville et en limite de l’agglomération. Elle est située dans un quartier peu peuplé, où sont davantage présentes des industries et des voies ferrées.

L’arrestation et la déportation des juifs, des Sinté et des Roms étaient connues des Hambourgeois et ces derniers ne s’y sont, pour la plupart, pas opposés. Mais lors des internements, quelques Hambourgeois étaient venus donner des vivres aux déportés. Les autorités nazies de la ville ont donc préféré que la déportation en train n’ait pas lieu dans une des gares du centre-ville afin qu’elle ne soit pas directement visible par les habitants.

Traduction : Date / Destination / Nombre de déportés / Nombre de déportés décédés

Source : Vortrag von Dr. Linde Apel, Dr. Frank Bajohr und Ulrich Prehn, Die Deportationen vom Hannoverschen Bahnhof 1940-1945. Historischer Verlauf und Spuren der Erinnerung.

Vingt trains sont partis de la Hannoverscher Bahnhof. Les autorités nazies avaient consigné, dans des listes par trains, les nom, prénom, date et lieu de naissance, profession et domicile des déportés, quand ceux-ci étaient connus. Le nombre de déportés est supérieur à celui des listes et est d’au moins 8071 personnes.

Première page de la liste des déportés vers Lodz (Litzmannstadt en allemand) le 25 octobre 1941

Certains destins ont pu être retracés et quelques biographies sont consultables en allemand, anglais et français sur le site internet du mémorial et dans le pavillon d’information.

Le lieu de mémoire

Der Hannoversche Bahnhof a repris sa fonction de gare de marchandises dès 1945 et l’a gardée jusqu’en 1999. Le bâtiment pour les voyageurs, très endommagé, avait été rasé en 1955. Le rôle de ce lieu dans la déportation des juifs, Sinté et Roms a été longtemps oublié. La première plaque commémorative a seulement été posée en 2005. L’installation du pavillon d’information et des stèles commémoratives date de 2017.

La « Fuge », le passage vers le lieu de mémoire

Le quai 2 (Bahnsteig 2) a été identifié comme étant celui d’où partaient les trains de déportés. La voie de chemin de fer est le seul élément restant de la gare de déportation. Sur l’ancien quai, les stèles mentionnent, pour chacun des vingt trains de déportation, les prénoms, noms et date de naissance des déportés mais aussi des personnes qui se sont suicidées en apprenant qu’elles allaient être déportées le lendemain.

J’ai trouvé cette visite très intéressante. Le pavillon et le site internet sont très informatifs et sont un bon complément à la visite. Les milliers de noms invitent à la réflexion, à imaginer leurs vies, à se rendre compte que toute une famille a été déportée en même temps, des grands-parents aux petits-enfants. Très peu d’entre eux ont survécu et sont revenus en Allemagne ou ont émigré vers les Etats-Unis, Israël ou d’autres destinations.