Si vous regardez le plan des transports à commun de Hambourg, il y a le U-Bahn (métro), le S-Bahn (RER), les trains régionaux et un A.Un A ? Oui, A comme AKN ! On retrouve ces lignes oranges uniquement dans le nord-ouest de Hambourg.
Mais que veut dire AKN ? A comme Abfahrt (départ) ou Anschluss (correspondance) ? K comme Komfort (confort) ou Kreuzung (intersection) ? N comme Nahverkehr (trafic de banlieue) ? Non, le résultat ne veut rien dire.
AKN signifie die Altona-Kaltenkirchen-Neumünster Eisenbahn GmbH, la compagnie ferroviaire d’Altona-Kaltenkirchen-Neumünster. Kaltenkirchen et Neumünster sont en effet desservies… mais pas Altona !
En 1880, l’entreprise H.K. Notnagel & Co, exploitant la tourbe de l’Himmelmoor (marais situé près de Quickborn) demande aux villes concernées la construction d’une voie de chemin de fer étroite entre Altona et Kaltenkirchen, via Eidelstedt et Quickborn, pour développer et vendre sa production. Les villes d’Altona (indépendante de Hambourg jusqu’en 1938), de Quickborn et de Kaltenkirchen soutiennent le projet mais le maire d’Altona demande à ce que ce soit une voie normale de transport. L’empereur Guillaume Ier donne son accord en avril 1883 et les travaux commencent à l’automne.
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A Altona, la gare Kaltenkirchener Bahnhof est située sur la Gählerplatz. Le 8 septembre 1884, le premier train de voyageurs part d’Altona en direction de Kaltenkirchen, suivi par le premier train de marchandises le 24 novembre. En 1915, la ligne est prolongée jusqu’à Neumünster. Dans la seconde moitié du XXe siècle, le trajet d’Altona à Neumünster est complété par d’autres lignes, au départ d’Elmshorn et de Norderstedt. Mais en 1965, le terminus est déplacé d’Altona à Eidelstedt.
Un nouveau projet est désormais en cours : le remplacement de l’AKN par le S-Bahn S21 sur le trajet Eidelstedt-Kaltenkirchen. Le trajet vers le centre-ville (Hauptbahnhof) sera alors plus rapide et plus régulier (toutes les 10 minutes). Ce projet devrait aboutir en 2025.
Pour l’anecdote, le nom de Kaltenkirchen m’a toujours bien plu et je suis donc allée découvrir l’église St Michaelis qui n’est ni froide ni abandonnée. La nef est néo-gothique (fin XIXe siècle) mais la tour date du XIIe siècle et a ensuite été recouverte de briques et surmontée d’un toit, comme celle de Rellingen. Sa charpente en bois est superbe.
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Aviez-vous déjà repéré le A des transports en commun hambourgeois ?
Belle leçon d’histoire que tu nous offres une fois de plus
Avec grand plaisir !
Bonjour Très intéressant !
Altona est également une importante ville de garnison après la guerre de 1870/71, qui se développe en effet sous l’égide de Guillaume Ier. Depuis 1866, mais surtout après 1871, une grande partie des infrastructures ferroviaires a une origine ou une vocation militaire (voir les gares de Metz ou Strasbourg en France par exemple). Altona héberge beaucoup de troupes, par exemple le IX ArmeeKorps (voir la carte de 1890 avec les Kasernen) et un régiment d’infanterie de….Thuringe (voilà une « colle » historique pour vous!).
Merci pour ces précisions, Altona est un quartier que je connais moins et vos remarques me donnent envie d’explorer l’histoire de ce quartier. Quant à la présence d’un régiment d’infanterie de Thuringe, peut-être est-ce une conséquence du Mitteldeutscher Handesverein ou d’un accord militaire entre le duché de Holstein et les Etats de Thuringe ? Il faut que je recherche davantage pour trouver la réponse.
En fait, c’est en regardant le plan de 1890 sur lequel apparaissent des Kasernen et un hôpital militaire que je me suis posé la question des unités en garnison. En toute « logique », on aurait pensé à des unités de la Kaiserliche Marine ou de défense territoriale (Bürger). En fait, non. Altona après 1871 a été densément militairement peuplé. Et par des unités de l’armée de Terre. Je mets de côté les corps d’armée et autres grandes unités dont le lien local est particulier. En revanche, les régiments « allemands » sont très marqués par leur ville d’appartenance et leur Land. Ils sont très typés. Chaque ville libre et hanséatique tentait de maintenir un régiment (ou équivalent) sur sa ressource propre. Brême par exemple, ou Lübeck. Hambourg avait un de ces fameux régiments hanséatiques, dont le recrutement était purement local, le 76ème dans l’organigramme de l’armée prussienne. Mais en tapant Altona sur le net, entre autres , on tombe sur cela: Infanterie-Regiment Graf Bose (1. Thüringisches) Nr. 31. C’est à dire, en préséance, premier régiment de Thuringe, 31ème dans l’organigramme prussien (sur une bonne centaine en 1914). Donc un beau régiment. Mais que faisait-il là? L´histoire des garnisons est certes sans cesse fluctuante, donc ce n’est pas seulement celle du IR31. Cette unité, à l´origine thuringienne (garnison de Erfurt et Weißenfels, avec une courte période de 2 ans à Frankfurt / Main) perdit déjà en 1869, par ordre du Ministère de la guerre, sa garnison de Weißenfels qui abritait son 2ème bataillon (sur trois). Après la guerre franco-prussienne, un ordre du Ministère de la guerre (AKO) d´avril 1871 ordonna que la nouvelle garnison du IR31 soit Altona. L´origine thuringienne ne fut alors plus que tradition, la majorité des recrues de ce régiment étant alors originaires de la région de Hambourg et du Schleswig et Holstein. Voilà pour les faits. Mais les raisons? Probablement un ré équilibrage entre corps d’armée, le IXe ArmeKorps d’Altona (et de sa grande région) n’étant pas assez doté en unités locales? Est-ce que ce sont les suites des guerres contre le Danemark, pour renforcer le nord? La piste d’un arrangement issu du Mitteldeutscher Handesverein est intéressante, car elle situe cette affectation sur un plan économique. Mais cette union s’arrête en 1834. Et le district d’Altona était-il compris dedans? Voilà- voilà quelques réflexions issues d’une lecture de votre message….on a beaucoup dérivé depuis l’AKN mais cette période d’entre-deux-guerres (1871 et 1914) est très riche pour l’Allemagne.
Vous posez des questions passionnantes… auxquelles je ne suis malheureusement pas capable de répondre. En recherchant, je ne suis en fait pas sûre qu’Altona faisait partie du Mitteldeutscher Handelsverein car la ville appartenait au duché de Holstein et ce dernier n’en était pas membre. Il faudrait contacter l’Altonaer Museum, ils auraient peut-être plus d’informations. Cela fait longtemps que je n’y suis pas allée, c’est une idée d’excursion pour un prochain week-end.
et d’ailleurs, toujours en exploitant votre carte, on voit la Holsten-Brauerei, brasserie créée dans la même période, 1879 et si j’ai bien suivi, plus ou moins toujours aujourd’hui en activité avec Carlsberg (?).
Oui, en effet, la Holsten-Brauerei a été rachetée par Carlsberg en 2004 mais reste active sous ce nom.
Oui, en effet, si j’ai bien compris, Altona était une ville libre du duché de Holstein. Un statut particulier donc. Mais qui a du être secoué avec les guerres des Duchés en 1864. En tout elle se développe clairement après 1871 (gare, garnison, économie) et c’est peut-être lié au fait qu’elle relève directement de l’administration impériale (allemande). Pour moi, Altona, c’est d’abord une destination sur les panneaux de la DB (ICE Hamburg Altona) !
Et on reparle du JR 31 d’Altona:
« un régiment dénommé de Thuringe, mais en garnison à Altona (aujourd´hui banlieue nord de Hambourg) et ayant fait partie de la 18 ID de laquelle dépendaient également les régiments « nordiques » du Reich, le JR84, le JR85 et le FR86.
Régiments qui furent sérieusement étriquées en septembre 1914 du côté d´Autrêches »
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