Comme tous les 15 du mois, je participe au rv #Histoires Expatriées, organisé par le blog L’occhio di Lucie. Ce thème, ces choses qui m’agacent dans mon pays d’accueil, a été proposé par la marraine du mois d’août, Ferdy, du blog Ferdy pain d’épice, depuis le Canada.
En voyant le thème de ce mois-ci, j’ai d’abord un peu hésité car il y a assez peu de choses qui m’énervent en Allemagne. Mais finalement, en y réfléchissant, j’ai trouvé trois points.
L’allemand, c’est has been…
Le premier point auquel j’ai pensé, c’est la passion des Allemands pour la langue anglaise. Leur niveau en anglais est globalement bon et ils en sont plutôt fiers. Du coup, des mots allemands habituels sont souvent remplacés par des mots anglais parce qu’apparemment, ça fait plus branché, sérieux, international ou je ne sais quoi. Par exemple, à mon travail, nous avons une à deux fois par an une Versammlung (une assemblée à laquelle nous sommes tous conviés). Il y a 3-4 ans, la Versammlung est devenue « Assembly » (qui est juste la traduction de Versammlung). Rien n’a changé à part le nom… Toujours au travail, nous avions le mois dernier une réunion importante pendant laquelle le nouveau concierge nous a été présenté. Mais attention, il n’est plus Hausmeister (le maître de la maison si on traduit mot à mot). Non, il est désormais Objektmanager ! Il a exactement les mêmes fonctions que le précédent Hausmeister mais c’est tellement plus chic d’être le manager des objets !
Quand j’ai commencé l’allemand en 6ème, j’ai appris que mère se disait Mutter et père Vater et que leurs diminutifs étaient Mutti (maman) et Vati (papa)… sauf que ce n’est plus du tout usité. On dit désormais Mami et Papi. Ce n’est certes pas de l’anglais… mais ce n’est en tout cas pas de l’allemand !
Ce qui m’agace le plus, c’est quand on parle en anglais… à des gens ne parlant pas anglais ! Les Allemands ont des chansons d’anniversaire très mignonnes… mais j’ai l’impression que la norme est d’abord de chanter « happy birthday » et ensuite, si on en a envie et le temps, les chansons en allemand. Je ne vois pas l’intérêt si l’enfant ne comprend pas les paroles alors que, par exemple, la chanson de Rolf Zuckowski, « Wie schön, dass du geboren bist » est tellement jolie.
Heute kann es regnen, stürmen oder schneien,
denn du strahlst ja selber wie der Sonnenschein.
Heut ist dein Geburtstag, darum feiern wir,
alle deine Freunde freuen sich mit dir. (bis)
Wie schön dass du geboren bist,
wir hätten dich sonst sehr vermisst.
wie schön dass wir beisammen sind,
wir gratulieren dir, Geburtstagskind!
(Aujourd’hui, il peut pleuvoir, y avoir une tempête ou neiger, car tu brilles comme un rayon de soleil. Aujourd’hui, c’est ton anniversaire, c’est pour ça qu’on fait la fête, tous tes amis se réjouissent avec toi.
Quelle joie que tu sois né(e), tu nous aurais sinon beaucoup manqué, quelle joie que nous soyons tous ensemble, nous te félicitons, toi qui fêtes ton anniversaire aujourd’hui).
Faire la morale aux inconnus
Traverser au feu rouge est très mal vu, même s’il n’y a absolument aucune voiture à l’horizon. Il faut attendre que le petit bonhomme soit vert. Si on traverse au rouge devant des Allemands, il y aura au minimum des regards réprobateurs, voire des personnes qui viendront nous réprimander. Je me souviens avoir traversé une fois une petite rue déserte alors que j’étais (très) enceinte et la petite mamie en face est venue me bloquer sur le trottoir avec son mari pour me dire que j’étais irresponsable, qu’étant en plus enceinte, je devais penser à mon enfant et prendre l’habitude de ne lui montrer que le meilleur, etc.
Quelqu’un qui voyagerait sans titre de transport dans les transports en commun n’aura aucune compassion de la part des autres voyageurs, contrairement à ce que j’ai pu voir en France (mais ça a peut-être changé ?).
La pression de la société sur les mères
Dans ma série de trois articles sur la grossesse en Allemagne, j’avais abordé le fait que la norme, pour les jeunes mères, est de prendre un congé parental d’un an voire de trois ans à la naissance de son enfant. Il est vrai que le congé parental (Elternzeit) est très bien indemnisé la première année puisqu’on touche 70% de son salaire pour rester à la maison avec son bébé. L’allaitement est fortement recommandé, au moins pendant les six premiers mois et beaucoup d’activités sont proposées aux mères pendant cette première année (sport avec bébé, éveil musical, etc.). Les conditions sont donc très favorables pour celles qui souhaitent rester un an à la maison avec leur bébé.
Mais si l’on sort (par choix ou par nécessité) de ce modèle, tout est beaucoup plus compliqué. Il est très difficile voire impossible de trouver une place de crèche pour un enfant de moins de un an. Dans certaines villes d’Allemagne, on ne trouve pas de crèches, municipales comme privées, acceptant les enfants avant l’âge de trois ans. Il faut donc soit faire appel à une nounou, soit à la grand-mère si la mère veut retravailler avant le premier anniversaire de son enfant. Les femmes reprennent en général le travail à temps partiel jusqu’à l’entrée en 1. Klasse (CP). Si l’on a plusieurs enfants, le congé parental peut durer plusieurs années. On peut imaginer sans peine les conséquences sur la carrière et la future retraite des mères de famille en Allemagne.
Et vous ? Qu’est-ce qui vous énerve dans le pays où vous vivez ? Que ça soit la France ou un autre ?
Autres participations
Marie en Angleterre
Pauline en Corée du Sud
Eva au Japon
Élisabeth au Koweit
Morgane en Espagne
Ophélie en Angleterre
Karine à Hong Kong
Ferdy au Canada (Alberta)
Véronique au Canada (Québec)
Perrine au Canada (Vancouver)
Julie au Canada (Vancouver… aussi !)
Kelly au Canada (Yukon)
Merci pour cet article! Je ne suis pas d’accord sur le fait que « Mami » et « Papi » ne sont pas allemand. De parents D/A j’ai toujours appelé mes parents ainsi car eux n’aimaient pas « Mutter & Vater ». Et j’ai d’autres amis où c’est pareil.
Pour le travail des femmes je suis tout à fait d’accord. Je n’ai pas eu ce problème car mon fils est né à l’étranger mais c’est frustrant à observer.
Une chose qui me frustre ici est le manque de transparence dans le système de santé.
Merci pour ton commentaire ! Mon impression était que Mami et Papi sont apparus (ou se sont généralisés) dans les années 90. Du coup, j’ai cherché si je trouvais un article sur l’utilisation de Mami et Papi en allemand et j’ai juste trouvé cet article suisse.
https://www.schweizamwochenende.ch/nachrichten/die-mamma-loest-das-mami-ab-131057247
Tu me diras ce que tu en penses ?
C’est vrai que j’aurais pu parler du système de santé et des inégalités assumées entre assurés privat et assurés gesetzlich.
Oooh j’ai adoré la chanson d’anniversaire version allemande!!!
C’est ma préférée parmi les chansons d’anniversaire pour enfants. 😉
C’est amusant ce que tu dis à propos des passages piétons. J’ai connu exactement la même mésaventure à Seattle où les habitants sont très respectueux du code de la route !
C’est propre à Seattle ou c’est la norme dans tous les États-Unis ?
C’est drôle parce que le fait de mettre des mots anglais partout c’est quelque chose qui m’agace énormément…en France 😂 Comme quoi, ça doit être la mode partout !
Mais que font les pays anglophones ? Ils mettent des mots français ou des mots allemands partout ? 😉
Salut ! Ca va, finalement peu de choses t’agacent ! Sur quelques points, on peux reconnaître quelques traits suisses (le cadre, le cadre, le cadre !). C’est vrai qu’en France, on est plutôt souple avec les règles et plutôt nul en langues ! 😀
Line
Coucou, honnêtement, je me sens bien en Allemagne, je me suis adaptée à pas mal de choses. Je sais par exemple que ça ne sert à rien de râler contre un nouveau projet même si on le trouve tous idiot. Nous sommes payés à travailler et à appliquer les projets, pas à protester…
Cet article date un peu mais je ne permets d’ajouter mon Petit commentaire:)
A propos du conges maternite, j’ai ete surprise de constater a quel point il est difficile pour une mere de revenir apres son conges maternite. Dans l’entreprise dans laquelle je travaille, c’est presque systematiquement un probleme: les futures meres sont remplacees par des jeunes femmes fraichement diplomees et celibataires ou par des hommesqui donnent entierement satisfaction et lorsqu’elles reviennent, elles n’ont plus leur place, on ne sait pas quoi faire d’elle, celles qui avaient des responsabilites ne gardent que leur titre et on attend qu’elles partent d’elles- mêmes.
Les peres n’ont pas cette difficulte. C’est plutot bien vu lorsqu’ils s’arretent de travailler ou passent a temps partiel pour quelques mois et toute l’equipe se re- organise pour leur faciliter la tache.
Beaucoup de femmes choisissent de ne pas avoir d’enfants et compensent avec un animal domestique. Je suis sure que tu as fait le meme constat que moi, c’est incroyable cette folie autour des chiens qu’on a le droit d’enmener sur son lieu de travail dans certaines entreprises et qui recoivent leur calendrier de Noel et a qui certaines personne accordent autant voir plus d’importance que des enfants.
Voila. Ca m’interessait de savoir si tu avais fait le meme constant. Tu vis depuis beaucoup plus longtemps en Allemagne que moi.
En fait, à partir du moment où une femme a un enfant (et encore plus si elle en a plusieurs), on attend d’elle qu’elle renonce spontanément à sa carrière, au moins le temps que l’enfant le plus jeune entre à l’école primaire. Je n’ai pas eu de difficulté à récupérer ma place mais par contre, la direction et une partie des collègues n’ont eu aucune compassion, alors même que nous vivions une situation compliquée et angoissante avec notre petite. On m’a fait comprendre qu’avoir trois enfants dont un porteur de handicap et vouloir travailler (même à 50%) n’était normalement pas compatible.
Une petite anecdote : l’un de nos enfants était malade et mon mari était resté le matin avec lui et ensuite, on avait alterné. Je m’étais faite engueuler par ma chef parce que je partais plus tôt, mon mari avait été félicité par la sienne d’être aussi engagé auprès de ses enfants.
J’ai été surprise aussi par le nombre de femmes diplômées n’ayant pas d’enfant. Mais j’ai moins fait le constat de la compensation avec un animal domestique. C’est complètement interdit dans mon travail et dans celui de mon mari de venir avec son chien.
Dans tous les cas, je trouve que la société allemande fait peser un poids beaucoup plus lourd sur les épaules des mères par rapport à la société française.
Oh la la je me retrouve totalement dans ton article ! Cette manie d’angliser tous les mots au travail pour les rendre plus chics m’agace souvent énormément !
Le pompon, c’est quand même notre Objektmanager qui se présente lui-même comme Hausmeister et qui n’a pas l’air bien à l’aise avec sa nouvelle titulature. Contente que ton ressenti soit le même que le mien.
L’exemple le plus drôle je trouve, c’est les « public viewing » de match de foot, tellement à la mode depuis 2006, une expression utilisée aux Etats-Unis pour parler du recueillement autour d’un cercueil… Sinon les états où il n’y a pas de crèche avant 3 ans, c’est lesquels? Même en Bavière on en a!
Alors ça, c’est typique ! On donne aux mots anglais un sens qui n’est pas le leur…
Dans le Schleswig-Holstein et Brême, la situation est compliquée pour les places de crèches avant 3 ans. Toutes les crèches ne le proposent pas et les places sont prises d’assaut. De toute façon, le manque de places en crèche est plutôt un problème de l’ouest de l’Allemagne.
Je lis cet article plus d’un an après sa parution. Chez nous (en Allemagne aussi), l’Objektmanager est « Facility Manager » ….
Le Facility Manager… En gros, tu ne comprends plus ce qu’il fait… Déjà qu’avec l’Objektmanager, ce n’est pas clair. D’ailleurs, notre Objektmanager a toujours du mal avec sa nouvelle profession, il continue à dire qu’il est Hausmeister. 😉
A Strasbourg il peut t’arriver la même chose si tu traverses au rouge. J’ai déjà loupé un train comme ça 😉 . Pour la situation des mères c’est en effet une cata, et le taux de natalité s’en ressent !
Pour les mots anglais pour tout et n’importe quoi, j’ai l’impression que sur Paris c’est pareil. On ne va plus boire un verre, on va prendre un drink. Le chef de service doit driver ses agents. Et j’en passe.
Il va falloir faire un gros travail d’évolution des mentalités mais même les jeunes mamans ne se sentent pas toutes concernées.
J’ai un gros souci avec certains mots anglais en allemand, je ne les reconnais pas toujours comme des mots anglais et les prononcent avec un gros accent allemand… ce qui me fait passer pour une plouc qui ne parle pas anglais !
Comment drive-t-on quelqu’un ? 😉
Je me fais la même remarque concernant le placement de mots anglais… en France ! (Mais j’avoue aussi que j’ai de plus en plus tendance à le faire aussi !!)
C’est une tendance franco-allemande apparemment ! Le pire, c’est quand on place des mots anglais en changeant un peu leur sens. Je me demande si les Anglais comprennent tous les mots anglais que nous employons. 😉
Les mots anglais sont partout en France et de pus en plus dans la vie pro. Exemple : On ne dit plus réunion mais meeting. Je résiste car je trouve ça ridicule !
Je me rappelle effectivement en Allemagne m’etre fait reprendre pour la traversée hors feu vert. (Et En France on devrait être un peu plus civilisé !! Car à Paris ce sont les autos maintenant qui passent au rouge)
Quand il s’agit d’un nouveau concept importé des États-Unis, d’Angleterre, etc., ça ne me pose aucun problème de garder le mot anglais. Mais que la réunion devienne un meeting juste pour prendre un nom anglais, je suis d’accord avec toi, c’est ridicule.
A Paris, quand j’avais ma chambre de bonne près du musée d’Orsay, je ne traversais le boulevard Saint-Germain qu’une fois toutes les voitures arrêtées au feu rouge. Trop de Parisiens estiment que le feu orange signifie « accélère, ça va bientôt passer au rouge ! ».
Le problème des anglicismes partout m’énerve aussi prodigieusement, en France ! Sinon le côté « je manifeste pour tout sans jamais voir le bon côté des choses » des français me rend aussi un peu dingue, mais que serait la France sans ses grèves !
Alors, tu vois, le côté râleur et gréviste me manque. Ici, quand un nouveau projet mal ficelé et clairement mauvais nous tombe dessus, tout le monde râle un peu et tout bas mais applique jusqu’à ce qu’on se rende compte quelques mois plus tard que c’est en effet aussi nul et pourri que ça en avait l’air…
Je ne pensais pas que l’anglais avait pris une si grande place. Concernant le remplacement de mots, j’avais entendu une affaire au Japon ou un Japonais avait voulu poursuivre la TV et se plaignait qu’a la TV ils utilisaient des mots d’origine anglaise pour certaines choses alors que le mot japonais existe.
Comment est-ce au Japon ? Est-ce que les Japonais défendent leur langue ? Est-ce qu’ils japonisent les mots étrangers ou est-ce que c’est à la mode d’intégrer des mots étrangers ?