a. L’histoire et la gastronomie

Ne pouvant actuellement faire de longs voyages, j’ai eu envie de me remémorer les quatre voyages les plus marquants que j’ai faits avant d’avoir des enfants. Je suis allée à deux reprises en Géorgie, en juillet 2007 et en mars 2010.

  1. Le Liban
  2. La Malaisie
  3. L’Érythrée

Les relations entre la Géorgie et la Russie

La guerre en Ukraine rappelle tristement la guerre russo-géorgienne en août 2008. Celle-ci a duré neuf jours et s’est terminée par une indépendance de fait de deux régions séparatistes géorgiennes, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.

Ces deux régions, peuplées de populations distinctes des Géorgiens, revendiquent une autonomie à la chute de l’URSS et entrent en conflit, plus ou moins violent avec le pouvoir central géorgien. La Russie soutient ces revendications d’un point de vue politique, accorde des passeports russes aux populations abkhaze et sud-ossète et leur apporte un soutien militaire fort. Entre le 7 et le 16 août 2008, un conflit s’engage entre la Géorgie et l’Ossétie du Sud, soutenue directement par la Russie. Chaque camp accuse l’autre de crimes de guerre, d’expulsions de civils tandis que l’armée russe intervient directement dans le conflit, bombardant même des quartiers et des villes loin des deux régions autonomistes. La Russie a ensuite reconnu l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie. De fait, la Géorgie n’a plus accès à ces territoires et n’y exerce plus son autorité.

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Le 13 mars 2010, la chaîne de télévision géorgienne Imédi annonce dans son journal du soir que la Russie a commencé à envahir la Géorgie et que le président géorgien Mikheil Saakachvili a été assassiné. C’est en fait un canular dont l’un des buts est de discréditer l’opposition, présentée comme plus attirée par le pouvoir que la défense du pays.

J’étais à Tbilissi chez des amis géorgiens ce soir-là et j’ai vu ce reportage. J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’un reportage sur la guerre d’août 2008. Mais ne parlant pas géorgien, je ne comprenais rien de ce qui était dit. Mes amis m’ont annoncé d’un coup que la Russie avait envahi la Géorgie, que le président avait été tué et que je devais faire ma valise car ils allaient m’emmener à l’aéroport international. Mais quelque chose était étrange. Les autres chaînes de télévision continuaient à diffuser leurs programmes habituels, j’avais le sentiment que les vidéos de l’attaque russe étaient des images d’archives sans pouvoir l’expliquer et j’avais beau cherché en anglais, allemand, français, espagnol ou italien, je ne trouvais aucune information sur les réseaux sociaux ou les journaux en ligne à propos de cette attaque. J’étais à la fois paniquée et je n’arrivais pas à m’enlever de la tête que cela ressemblait au canular sur l’indépendance de la Flandre diffusé par la RTBF en décembre 2006. Les journalistes ont finalement annoncé qu’il s’agissait d’une fiction et j’ai compris pourquoi j’avais pensé à des images d’archives. La guerre avait eu lieu en août, il faisait soleil et les arbres avaient des feuilles. En mars, ce n’était pas le cas et c’est pour cela que j’avais identifié les images diffusées comme étant en effet des images d’archives.

Le lendemain, c’était étrange de se promener dans les rues de Tbilissi, en ayant le sentiment d’avoir échappé à un danger… qui en fait n’existait pas. Dans le centre de Tbilissi, j’avais pris cette photographie qui fait toujours écho à l’actualité, douze ans après.

Tbilissi, mars 2010

Douze ans plus tard, la Géorgie tremble pour l’Ukraine et pour son propre destin. Elle a fait acte de candidature il y a une dizaine de jours pour entrer dans l’Union Européenne. Les Géorgiens se sont aussi prononcés majoritairement pour l’entrée dans l’OTAN mais les pressions diplomatiques russes ont retardé le processus et la Géorgie n’en fait toujours pas partie.

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En géorgien, la Géorgie est appelée საქართველო (Sakartvelo). Quatre millions d’habitants sont répartis sur une superficie de 70 000 km² (l’équivalent de la République Tchèque). La capitale est Tbilissi.
L’histoire géorgienne connaît des périodes d’unité et d’affirmation de la culture géorgienne grâce à un pouvoir royal fort et des périodes d’éclatement et de guerres entre les petits royaumes en résultant. Elle est aussi celle de la résistance et de la cohabitation avec trois voisins puissants et menaçants : l’empire perse, l’empire ottoman et l’empire russe. L’annexion russe au début du XIXe siècle dure jusqu’à la proclamation de l’indépendance de la République démocratique de Géorgie en 1918. Mais, en 1921, l’Armée rouge envahit le pays et en 1922, la Géorgie devient une des républiques de l’URSS. L’indépendance est proclamée en avril 1991 et depuis, les relations restent difficiles avec son grand voisin.

La gastronomie géorgienne

Le vin a une grande place dans la culture géorgienne. Il est produit depuis l’Antiquité, principalement dans les régions de Kakhétie, Kartlie et Iméréthie. Traditionnellement, le processus de fermentation est pratiqué dans les kvevri, de grandes jarres en terre enterrées dans une pièce de la maison. Les fêtes familiales commencent toujours par les toasts portés par le tamada. Ce dernier est chargé de dédier le repas selon un rite codifié. On remercie les hôtes en premier, on rend ensuite hommage à la Géorgie, à l’histoire de celle-ci, à la paix ou aux héros du pays. On remercie les invités, on pense aux absents, aux disparus. C’est une tradition qui reste très vivante et c’est un grand honneur d’être le tamada lors de repas de fêtes.

J’ai goûté aussi à la tchatcha, un alcool (très… trop) fort fabriqué maison dans les campagnes. Il me reste juste le sentiment d’avoir bu de l’alcool à désinfecter… mais une personne aimant les digestifs aurait probablement un autre avis.

Le pain traditionnel (puri) est cuit à la braise dans le toné (le four rond). Il est vraiment délicieux, surtout quand il est encore chaud. Un plat fréquent est le khachapuri, un pain farci au fromage. Le khachapuri adjaruli est typique de Batoumi et de l’Adjarie (la région côtière frontalière de la Turquie) : il est en forme de bateau et un oeuf est cuit au centre.

J’ai dégusté et cuisiné des khinkali. Sur la photographie, on voit ceux que j’ai faits moi-même… moins réguliers et présentables que ceux de la mère de mes amis. C’est une sorte de raviolis fourrés à la viande ou aux légumes.

Les plats végétariens sont bien présents en Géorgie, comme le badridjani (des aubergines farcies avec une pâte à la noix relevée). J’ai aussi beaucoup mangé de fromage, de pastèques (une véritable passion locale) et d’autres choses délicieuses. La cuisine géorgienne est assez épicée et mériterait largement une place plus reconnue.

Enfin, ma photographie de couverture montre mon dessert préféré : les tchourtchkhela. C’est un dessert très populaire en Géorgie, notamment en Kakhétie, la région où j’ai passé mon premier séjour. Il faut d’abord enfiler des cerceaux de noix sur une ficelle et préparer un jus de raisin épaissi avec de la farine.

Puis on fait cuire le mélange à feu doux et quand on a obtenu la consistance souhaitée, on trempe les colliers de noix à plusieurs reprises et on les laisse ensuite sécher à l’air libre. D’autres versions existent avec des amandes ou des noisettes. Les tchourtchkhela à la noix sont délicieuses et sont surtout consommées en hiver et lors des fêtes de fin d’année.

La Géorgie est un pays qui m’a beaucoup touchée. Les vacances que j’y ai passées et les personnes que j’ai rencontrées restent dans mon coeur. C’est ici la première partie de l’article, consacré à l’histoire récente et plus ancienne du pays et à la gastronomie.

Êtes-vous déjà venus en Géorgie ?

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