« Est-ce qu’il y a déjà eu des tremblements de terre à Hambourg ? », m’a récemment demandé mon fils. Non, aucun risque ai-je d’abord répondu. Hambourg est en effet loin des limites de plaques tectoniques, la ville n’est pas non plus à proximité d’un point chaud ou d’un volcan actif. On élimine ainsi 97% des causes de tremblements de terre dans le monde.

Un séisme induit est très peu probable. Ce sont généralement les gros travaux (comme le percement de tunnels, la mise en eau d’un lac de retenue, la fracturation) ou l’explosion souterraine de bombes qui en sont à l’origine. Ils sont extrêmement rares et Hambourg ne connaît pas ce type d’activités.

Mais j’avais oublié les quelques pourcents restants : les séismes consécutifs à l’effondrement d’une cavité. Et… Hambourg est en effet concernée ! Pendant les 250 dernières années, une vingtaine de faibles tremblements de terre ont été enregistrés.

Les cavités des dômes de sel du sous-sol hambourgeois

Le sous-sol hambourgeois comprend neuf dômes de sel ou diapires, dont l’OLD (Othmarschen-Langenfelde-Diapir) mesurant 20 kilomètres de long et allant d’Othmarschen à Quickborn. Ils sont situés à une faible profondeur voire affleurent.

Informations et cartes provenant du rapport « Seismologische Untersuchung der Mikrobeben in Flottbek Markt, Hamburg vom April 2009, und deren mögliche Ursachen », publié par le DESY, Hamburg

Mais pourquoi retrouve-t-on des dômes de sel ici ? Hambourg, comme tout le nord de l’Allemagne, a été recouvert par la mer du Zechstein, il y a 250 millions d’années. Ce qui deviendra l’Europe était située plus au sud, au niveau de l’Equateur et connaissait un climat chaud, aride. L’eau s’évaporait plus vite que celle apportée par les fleuves s’y jetant. L’ancien bassin du Zechstein comporte ainsi de nombreuses zones de roches évaporites, dont les composants majeurs sont l’halite (aussi appelé sel gemme) et le gypse.

Source de la carte

Le sous-sol hambourgeois est donc riche en sel. L’halite et le gypse étant solubles dans l’eau, des cavités sont apparues ou ont été agrandies par l’infiltration des eaux de pluie. Elles sont petites mais peuvent s’effondrer, ce qui provoque ces petits tremblements de terre. Le sous-sol hambourgeois a été peu étudié et la densité de population rend difficile la réalisation d’une carte détaillée des cavités et des dômes de sel.

Les derniers séismes

Le 8 avril 2009, dans un rayon de 100 mètres, un tremblement de terre a été ressenti peu après minuit, surtout au niveau des rues Notkestraße, Seestraße et Windmühlenweg. Trois séismomètres hambourgeois l’ont enregistré (deux sur le site du DESY et un à l’université). Le foyer était vraisemblablement situé à une profondeur entre 80 et 90 mètres. Deux répliques ont ensuite été enregistrées entre le 7 avril et le 18 mai. Il y en a probablement eu d’autres, mais trop faibles pour apparaître sur les sismographes. La magnitude fut très faible, probablement entre 2 et 3 sur l’échelle de Mercalli modifiée.

Les précédents tremblements de terre ressentis par la population du quartier avaient eu lieu le 30 janvier 1963 et le 8 avril 2000. En interrogeant des collègues et des membres hambourgeois de ma belle-famille, personne n’a de souvenirs des secousses de 2000 et de 2009. Je ne connais pas Bahrenfeld ni Klein Flottbek mais si c’est votre cas, je serai curieuse de savoir si celles-ci sont restées dans la mémoire du quartier.