En septembre, mon week-end mâconnais s’est poursuivi par 24 heures stéphanoises. Ce n’était pas la première fois que je venais à Saint-Étienne, nous y avions déjà fait un petit séjour en mars 2019 pour voir ma nièce et son compagnon. Pendant ces quelques heures, nous sommes allées découvrir le musée de la Mine.

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Nous n’avons pas pu visiter la galerie de mine reconstituée car elle n’est accessible que lors de visites guidées et les horaires n’étaient pas compatibles avec mon court séjour. Mais je le garde en tête pour une prochaine fois.

L’histoire industrielle m’intéresse beaucoup, elle est, de plus, tout à fait compatible avec des visites en famille. En effet, le sujet est concret pour les enfants. La visite en famille d’une ancienne mine peut aussi être une excursion tout à fait adaptée.

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Informations pratiques

Le site du musée est dans un grand parc avec un ensemble de bâtiments accessibles en visite libre. Il est donc possible, avec des enfants, de visiter à son rythme. Le musée est ouvert tous les jours sauf le lundi et certains jours fériés. Il est gratuit pour les moins de 25 ans et l’entrée coûte 5€ (tarif réduit) ou 6,50€.

Le Puits Couriot / Parc-musée de la Mine est situé dans le parc Joseph Sanguedolce, 3 bd Franchet d’Esperey, 42000 Saint-Étienne et est accessible en un quart d’heure à pied depuis le centre-ville.

http://www.musee-mine.saint-etienne.fr/

Le site du Puits Couriot

Saint-Étienne est situé au coeur du bassin houillier de la Loire, l’un des principaux sites d’extraction du charbon en France. Son exploitation est attestée à partir du XIIIe siècle sur des couches peu profondes voire en affleurement. Ce bassin houillier devient la principale région productrice en France à partir de la Restauration, est ensuite concurrencé par le bassin du Nord-Pas-de-Calais et connaît son apogée pendant l’entre-deux-guerres.

L’exploitation ancienne et intense du bassin oblige les compagnies à rechercher de nouvelles couches, plus profondes. La Société Anonyme des Mines de la Loire décide, en 1907, de réaliser de nouveaux puits, plus modernes et permettant d’accéder à des couches plus profondes, situées au moins à 700m de profondeur. L’ingénieur conseil Henry Couriot propose un nouveau concept de puits qui prendra finalement son nom : le Puits Couriot. La construction, commencée en 1909, interrompue par la Première Guerre mondiale, est achevée en 1919. C’est l’un des puits les plus modernes d’Europe.

Le chevalement

Le site est composé de bâtiments industriels et de huit hectares d’espaces dégagés. A l’origine, ces derniers étaient occupés par les installations de lavage du charbon et par les voies ferrées servant à expédier les millions de tonnes de charbon extraites.

Extrait du plan-guide de visite à télécharger ici
Plan à télécharger ici

Le site est dominé par les deux crassiers (les terrils). Le plus haut culmine à 120m d’altitude et leur élévation par entassement des déchets de l’exploitation minière s’est faite entre 1930 et la fin des années 1950. Parfois encore fumant des déchets entassés, végétalisés, ils n’ont plus l’image négative qui étaient auparavant la leur. Ils sont progressivement devenus un élément du paysage stéphanois et de l’histoire minière de la ville.

Source de l’image

L’après-guerre inaugure le déclin de l’extraction du charbon à Saint- Étienne et ailleurs en France. Le pétrole s’impose progressivement, le charbon français devient de plus en plus cher à extraire. En 1965, l’extraction sur le site du Puits Couriot cesse et, en 1973, le puits est définitivement fermé. Au total, 500 millions de tonnes de charbon ont été extraits dans le département de la Loire avant la fermeture des mines. En 1991, le musée de la mine ouvre et vIngt ans plus tard, le site est transformé en parc-musée et est classé, avec les crassiers, monument historique.

La visite libre du site

Un vrai travail d’accessibilité a été mené par le musée (seule la galerie de mine reconstituée n’est pas accessible en fauteuil roulant ou en poussette). Des livrets pour les enfants peuvent aussi être demandés à l’accueil.

La prochaine exposition temporaire portera sur le processus de transformation de la mine en musée et sera présentée du 4 décembre 2021 au 31 mars 2022. La thématique m’aurait beaucoup intéressée mais il est peu probable que je puisse revenir à Saint-Etienne cet hiver. Dommage !

Dans la salle des compresseurs se trouvent deux énormes machines qui permettaient d’envoyer de l’air comprimé au fond. C’était en effet une source d’énergie efficace et économique.

Le grand lavabo est l’espace permettant le mieux d’imaginer le quotidien des mineurs avant et après le travail. Cette grande salle, contigüe des douches, était celle où les mineurs se changeaient et échangeaient des nouvelles sur le travail et les familles. Appelée aussi salle des pendus dans d’autres mines, les mineurs y suspendaient leurs vêtements ou leur tenue de travail au-dessus des bancs métalliques.

La lampisterie est un espace qui m’a marquée. Chaque mineur a un jeton portant son matricule et doit, à la lampisterie, l’échanger contre sa lampe. C’est à la fois une façon de pointer et de contrôler exactement qui est dans les galeries, voire d’identifier les corps. Plus de 800 mineurs sont morts entre 1860 et 1945 lors de coups de grisou ou de coups de poussières dans les mines stéphanoises. A ces morts se rajoutent toutes celles ayant eu lieu lors d’accidents mineurs, le grisou ne représenterait qu’un quart des morts par accident.

Dans la salle de la machine d’extraction, on se représente la complexité du travail du machiniste, la concentration indispensable pour assurer la descente et la remontée des équipes ainsi que des bennes de charbon. La moindre inattention pouvait être fatale aux mineurs.

La tour de chevalement mesure 35 mètres de haut et signale la présence d’une mine tout en actionnant le câble d’extraction. En dessous se trouve la recette jour où les hommes vidaient les bennes pleines avant de les remplacer par des bennes vides.

La visite du musée de la Mine m’a beaucoup intéressée et je ne peux que la recommander. Je regrette de ne pas avoir pu descendre dans la galerie de mine reconstituée. Une autre fois peut-être ?

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Photographie de couverture : la recette jour sous le chevalement