Depuis que j’habite à Hambourg, juin est à la fois un mois plein de gaieté et un mois morose. Oh ! Rien à voir avec la météo hambourgeoise ! Mais le mois de juin, quand on est un Français de l’étranger, est celui des départs, des adieux.

Les départs

Certains se décident très rapidement et l’on apprend qu’une famille sera partie d’ici un mois. Les adieux sont précipités, la famille a peu de temps disponible car elle doit gérer le déménagement, la recherche d’un logement et d’une école dans sa nouvelle destination. Destination qui peut être n’importe où dans le monde, donc potentiellement avec des difficultés de langue et/ou de décalage horaire. Certaines entreprises incluent le service de relocation mais c’est de plus en plus rare et la recherche et la visite d’un logement à distance nécessitent des heures de recherche sur internet et de confirmation de ses choix par la communauté française et/ou internationale vivant sur place. Le quartier est-il vraiment sûr ? Les deux kilomètres séparant l’école française ou internationale du logement peuvent-ils se faire en vélo ? En transports en commun ? En moins de 30 minutes malgré les embouteillages récurrents ? Le conjoint suiveur (soyons précis… la femme) a-t-il un espoir de trouver un travail une fois que tout le monde sera bien installé ? Les enfants vont-ils rapidement s’adapter ? Rencontrer de nouveaux amis ? Garder le lien avec ceux qu’ils viennent de quitter ?

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Certains ont plus de temps pour se préparer et ont même parfois pu négocier de bonnes conditions de déménagement avec leur entreprise, comme une prise en charge partielle ou totale des frais de déménagement et un accompagnement dans les recherches de logement et d’école. Le départ est connu plusieurs semaines ou mois à l’avance, les enfants sont au courant. Les amis sont prévenus à l’avance, les enfants essaient d’organiser des goûters de départ, les adultes essaient de passer des soirées sympas avec leurs amis avant le marathon du dernier mois pré-déménagement.

Il y a ceux qui rentrent en France, ou tout du moins dans un pays voisin et qu’on a bon espoir de revoir. Puis, il y a ceux qui partent pour une destination lointaine avec donc la perspective d’un adieu définitif ou tout du moins de plusieurs années car quand les Français d’un étranger lointain rentrent en France, ils essaient au maximum de voir leur famille et de faire un tour de France des grands-parents, oncles et tantes, cousins en trois à quatre semaines d’été, sans oublier de se reposer, de se détendre, de profiter de la France, de faire éventuellement toutes les visites médicales qui sont difficilement prises en charge dans le pays d’expatriation, etc.

Mais même pour ceux qui rentrent en France, leur future destination n’est pas forcément très accessible quand on vit dans un autre pays. Pour rendre visite à ces anciens Hambourgeois, il faudra peut-être rajouter 1000 km aller-retour à ceux déjà faits pour rejoindre la France ou cela supposera d’aller dans une région où l’on n’a aucune famille. C’est toujours un choix difficile à faire quand on a que deux ou trois semaines de vacances l’été.

Une fois arrivés dans leur nouveau lieu de vie, les expatriés doivent s’habituer, trouver leurs marques, s’adapter à une nouvelle langue, une nouvelle culture, parfois changer de système scolaire (et donc de langues et de normes scolaires) pour les enfants. Le contact peut être difficile à maintenir avec les amis de la précédente expatriation, notamment pour les enfants. Mon aîné n’est par exemple pas du tout à l’aise au téléphone ou en visioconférence et ne sait plus quoi dire au bout de cinq minutes, y compris à ses amis vivant ailleurs.

Ceux qui restent…

Je ne suis pas une expatriée, je ne vais pas partir de Hambourg mais je ne suis pas allemande ou franco-allemande pour autant. Je suis celle qui y habite depuis plus de dix ans, qui parle couramment allemand, qui connaît bien la ville et les démarches administratives et peut donner de bons conseils.

J’aime bien accueillir de nouveaux Français (de nouveaux parents en général), les aider mais j’ai parfois l’impression d’être celle qui est attachée à la ville même si j’aurais envie d’ailleurs. Les amis repartis me manquent, le contact régulier n’est pas facile à maintenir entre les obligations professionnelles et les contraintes familiales.

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Le covid a été un vrai obstacle qui nous a empêchés de profiter des amis qui allaient bientôt partir, de mieux connaître d’autres… qui sont déjà sur le départ et qui n’a pas permis le retour d’anciens Hambourgeois le temps d’un week-end ou d’une semaine de vacances.

L’expatriation est généralement vue de façon très positive mais elle a ses côtés moroses, tristes, pour les adultes comme pour les enfants. Je souhaite un bon départ à tous ceux quittant Hambourg ou leur actuelle ville et une bonne installation dans leur nouvelle destination. Bienvenue aux nouveaux Hambourgeois !