Dans l’article précédent, je vous ai raconté le début du suivi de la grossesse. Je vais poursuivre avec cet article et un autre la semaine suivante sur le suivi post-partum.
Tout d’abord, j’ai trouvé un petit lexique franco-allemand de la grossesse. Si vous en avez un meilleur, dites-le moi.
Les rendez-vous de suivi sont réguliers : tous les mois jusqu’à la vingt-neuvième semaine, toutes les deux semaines ensuite et, à partir de la trente-neuvième semaine, toutes les semaines. Chaque rendez-vous était le moyen de vérifier le bon développement du fœtus et mon état de santé général. J’ai trouvé ma gynéco très compréhensive et à l’écoute. Pour mon aîné, j’étais en pleine forme et j’ai travaillé jusqu’au début officiel de mon congé maternité (Mutterschutz) qui commence six semaines avant le terme et se termine huit semaines après l’accouchement (douze semaines dans des cas particuliers comme la naissance de jumeaux, d’un bébé pesant moins de 2500g à la naissance, d’un bébé présentant un handicap ; pour un enfant prématuré, les semaines de prématurité sont rajoutées au congé maternité après la naissance). Pour mes deux filles, j’ai été arrêtée avant le début légal du congé maternité. Ma gynécologue m’a en effet prescrit un « Beschäftigungsverbot », c’est-à-dire un arrêt de travail valable jusqu’au début du congé maternité : cela signifie que les conditions de travail ne sont pas assez bonnes pour permettre un bon développement du bébé et la bonne santé de la mère. Il n’y a pas de perte de salaire.
Charlotte d’Enfance Joyeuse avait parlé du cytomégalovirus il y a peu. J’ai vérifié, j’ai été testée plusieurs fois par grossesse et ma gynécologue m’avait bien informée sur les risques de transmission, notamment pour ma deuxième et ma troisième grossesse.
Quand on habite dans une grande ville, il y a une grande offre d’activités pour les femmes enceintes : de la gym, du yoga, de la relaxation, etc. Entre les cabinets de sages-femmes, les maternités, les Elternschulen (école de parents), les lieux d’accueil de l’église protestante, etc., de nombreux cours sont proposés. Des sites internet comme kidsgo listent les offres. On trouve aussi des magazines régionaux gratuits recensant les offres pour les futurs parents et les parents.
Des cours de préparation à l’accouchement (Geburtsvorbereitung) sont proposés par des sages-femmes. On trouve différentes formules : le Crash-Kurs sur un week-end ou un cours une fois par semaine pendant sept-huit semaines en général. On retrouve des cours réservés aux femmes, des cours en couple, des cours pour des femmes ayant déjà eu des enfants, etc.
A partir de la 36ème semaine, on peut commencer les séances d’acupuncture pour préparer l’accouchement. Je l’ai fait pour mes trois enfants. L’ambiance est en général sympathique avec les 7-8 autres femmes enceintes présentes et la sage-femme qui peut adapter les points selon les éventuels troubles liés à la grossesse.
L’inscription dans la maternité de son choix doit se faire entre la 34ème et la 36ème semaine. Les maternités proposent des soirées d’information pour les futurs parents (Elternabend) pendant lesquelles on peut rencontrer une partie de l’équipe et visiter une salle de travail (s’il y en a une de disponible…), une chambre et poser les questions que l’on souhaite. Pour ma cadette, j’ai découvert de nouvelles expériences. En effet, vers la vingt-sixième semaine, elle s’est retournée et s’est mise… en siège ! Ne souhaitant pas accoucher par siège en voie basse, j’ai testé les différentes façons de la faire se retourner… Tout d’abord, il y a des points spécifiques d’acupuncture. Sans succès pour nous ! J’ai ensuite essayé la moxibustion (Moxa-Therapie ou moxen en allemand) ! Alors… qu’est-ce ? Il s’agit de stimuler des points d’acupuncture par la chaleur avec une sorte de cigare que la sage-femme va inflammer puis éteindre afin qu’il ne reste qu’un point de braise. Elle va ensuite approcher le point incandescent du point d’acupuncture choisi. Ce n’est pas désagréable… mais là aussi, sans succès pour nous !
Une semaine avant la date du terme, j’ai pris rendez-vous dans notre clinique pour tenter une version par manœuvre externe (Äußere Wendung en allemand). C’est une expérience assez rare apparemment. En Allemagne, elle se fait en salle de travail, à proximité de la salle de césarienne si jamais des complications apparaissaient et nécessitaient une césarienne en urgence. L’obstétricienne va d’abord vérifier par échographie la taille du bébé, la localisation du placenta et du cordon ombilical, le volume de liquide amniotique et la position du bébé.
En effet, le bébé peut être en siège décomplété (le bébé a les jambes relativement tendues et les pieds au niveau de la tête) ; en siège complet (les jambes sont repliées et les pieds sont au niveau des fesses) ou en siège en mode pieds (un pied est vers le haut et l’autre est vers le bas).
J’ai eu deux versions externes, la première n’ayant pas réussi. Un produit pour détendre l’utérus est d’abord injecté et la position du bébé est contrôlée par échographie juste avant et juste après chaque manœuvre. La première tentative a été vraiment douloureuse et a duré une vingtaine de minutes sans succès. Pour la seconde tentative, je suis allée à l’hôpital universitaire et ça a été une affaire de quelques secondes. L’obstétricienne a posé ses mains sur mon ventre, a donné une pression, a vérifié par échographie et c’était fait ! Ma fille n’était plus en siège ! Une semaine plus tard, elle est née naturellement, sans aucun souci.
Mes trois accouchements ont eu de lieu de façon spontanée, sans complication particulière. J’ai eu une péridurale (Periduralanästhesie, PDA en version courte) pour mon aîné mais pas pour mes deux filles. La péridurale est ici un gros débat. Entre 30 et 40% des femmes accouchent sous péridurale en Allemagne alors que le taux est autour de 75% en France.
Lors de ma première grossesse, nous avions lu avec mon homme des magazines et des livres pour futurs parents et c’était assez caricatural. Les ouvrages en allemand que lisait mon homme étaient tous très critiques sur la péridurale et présentaient en premier les risques pour le bébé et pour la mère. L’accouchement sans péridurale était présenté dans les témoignages comme une sorte d’épreuve initiatique, de Graal ou d’épreuve sportive à réussir. Les ouvrages français présentaient eux la péridurale comme un élément habituel de l’accouchement et expliquaient son fonctionnement et les désagréments pouvant l’accompagner.
Des amies ou juste des connaissances (allemandes) m’avaient expliqué à quel point il était important d’accoucher sans péridurale, que je serais fière de moi, que mon homme serait fier de moi, etc. Je les avais trouvées assez dogmatiques… d’autant plus qu’une grande partie n’avait pas d’enfant !
Pour mon aîné, j’ai d’ailleurs attendu la péridurale pendant plusieurs heures, l’anesthésiste ayant d’abord rebroussé chemin du fait d’une urgence et il y avait ensuite eu le changement d’équipe (nuit/jour). En attendant, on m’a donné du gaz hilarant à respirer. Résultat, je ne sais plus si j’ai eu vraiment moins mal ou pas mais j’ai, en tout cas, un souvenir un peu vague et embrouillé de ces moments.
La maternité proposait plusieurs salles de travail, certaines avec une grande baignoire. On pouvait demander un ballon, mettre de la musique, baisser la lumière, etc. Lors des cours de préparation à l’accouchement, la sage-femme nous avait dit qu’elle était globalement d’accord avec toutes les demandes, hormis celles présentant un risque ou un nombre supérieur à deux accompagnant(e)s en salle de travail .
Autre sujet très important en Allemagne : l’allaitement ! J’étais déjà convaincue de vouloir allaiter mais pour une femme qui ne souhaite pas allaiter, la pression doit être assez forte à vivre. Les infirmières soutiennent et aident à mettre en place l’allaitement. Il y avait aussi une Stillraum (une salle d’allaitement) interdite aux papas et aux visiteurs dans laquelle on pouvait se rendre pour allaiter son bébé et demander de l’aide ou des conseils. Les tire-laits étaient aussi dans cette pièce et c’était une ambiance particulière de venir allaiter ici en pleine nuit (pour ne pas réveiller sa voisine). Chacune en pyjama, échevelée et pas bien réveillée poussant le petit berceau en bois dans lequel le bébé attendait impatiemment de téter. Une solidarité éphémère entre jeunes mamans endormies tenant un petit bébé affamé accroché au sein !
Pour mon aîné, je suis restée quatre jours à la maternité ; pour ma cadette, deux jours et pour ma benjamine trois jours. Pour les trois, nous avons attendu que la deuxième visite médicale du bébé (U2) ait été effectuée par la pédiatre : celle-ci a lieu 48h après la naissance.
Les chambres individuelles sont malheureusement trop rares et, même si j’ai eu des voisines plutôt sympathiques et discrètes, j’aurais vraiment préféré être seule avec mon bébé dans ma chambre. J’avais d’ailleurs prévenu que je ne souhaitais aucune visite à part celle de mon homme (et du grand-frère pour la cadette, et du grand-frère et de la grande-sœur pour la benjamine). Cela avait été assez mal accepté dans ma belle-famille mais c’était, pour moi, une bonne décision car j’avais vraiment eu besoin de ce calme (relatif) pour me reposer et découvrir mon bébé, sans devoir faire la conversation en allemand !
Nous avons été très satisfaits de la maternité que nous avions choisie. Le personnel était sympathique, compétent et à l’écoute… Seul point négatif : la nourriture ! Le pire, c’était l’Abendbrot (le dîner froid à base de pain, charcuterie et fromage) à 17h30 ! Mais la formule semble répandue dans toutes les maternités d’Allemagne…
Rendez-vous la semaine prochaine pour le dernier article de cette petite série, sur le post-partum et le suivi de la maman et du bébé une fois rentrés à la maison.
Merci pour ce billet super intéressant ! Tu m’avais déjà parlé du CMV (d’ailleurs merci d’avoir parlé de mon article à ce sujet) et de ton suivi en Allemagne et j’espère qu’on pourra avoir ce même suivi en France.
J’ai été très sensible à la salle d’allaitement dont tu parles. Je trouve le concept d’entraide très bien pensé. Il n’y a pas de telles salles en France, surtout lors de la mise en place de l’allaitement, c’est dommage !
A bientôt,
Charlotte.
La salle d’allaitement est vraiment un soutien pour les jeunes mamans. Dans ma maternité, elle était située juste en face du bureau des infirmières, on y trouvait des coussinets d’allaitement, des échantillons de lanoline, de l’eau à disposition et il y avait bien sûr une table à langer avec tout le nécessaire. Si jamais une infirmière n’était pas présente, on pouvait sonner pour l’appeler. J’y suis allée à chaque tétée ou presque.
J’espère aussi que ce concept pourra être développé en France.
Coucou ! Très intéressant de voir comment ça se passe outre-Rhin, moi qui ait longtemps vécu à Strasbourg je connais un peu l’Allemagne mais pas du tout son aspect maternité. C’est bien que l’allaitement soit soutenu et apparemment le suivi y est très bien aussi 🙂
J’ai eu la chance d’être dans une chambre seule, c’était un vrai bonheur… alors que je pensais que j’allais vouloir rentrer vite à la maison finalement j’étais tres bien là-bas rien que mon bébé et moi et tout le personnel médical pour s’occuper de nous haha (j’en parle sur mon blog)
merci pour ton partage d’expérience en tout cas 🙂
Coucou, merci pour ton commentaire. Pour mon aîné, j’avais dit à mon homme que je sortirais de la maternité… quand je me sentirais prête à rentrer à la maison. J’étais rassurée d’avoir un personnel compétent et expérimenté autour de moi. La seconde nuit, il avait renvoyé un petit peu de sang et j’aurais été paniquée si j’avais déjà été à la maison. Mais l’infirmière m’avait rassurée, ce n’était pas grave du tout.
Hem…quelque chose me dit que j’aurais éprouvé quelques difficultés en Allemagne, entre le sans-péridurale et la préconisation de l’allaitement…mais tu as le mérite de montrer que des choses très institutionnalisées en France sont loin d’être aussi répandues dans des pays qui sont pourtant nos voisins!
La péridurale est faite quand on la demande… il faut juste la demander plusieurs fois et attendre quelques heures ! 😉
C’est intéressant de lire la différence pour les accouchements entre ce qui se fait en France et en Allemagne notamment pour la péridurale.
Ça m’interpelle aussi de voir qu’un accouchement va être préparé et appréhendé de façon différente selon les pays. Il paraît qu’au Japon, c’est encore plus rare d’avoir une péridurale.
Ah oui? je ne savais pas. Faut dire que mon amie qui habite là-bas n’a pas accouché au Japon mais en France pour ses deux enfants.
Je commence à percevoir pus de différences France/Allemagne dans ce billet. En effet, chez nous la péridurale est monnaie courante et j’ai beaucoup regretté de na pas avoir été plus informée des risques d’un accouchement sous péridurale. L’allaitement semble également faire une différence, l’accompagnement à l’allaitement est-il de bonne qualité en Allemagne ?
L’allaitement est vraiment valorisé en Allemagne. Comme la majorité des femmes reste un an à la maison, elles allaitent souvent au moins six mois. Les sages-femmes et les pédiatres sont bien formés.
Pour moi qui mange entre 17 et 18 heures mon repas du soir être servi à 17h30 serait parfait ! À l’inverse les horaires de restaurant ne me conviennent pas du tout (mon repas du midi est entre 10h30 et 11h30). Bref 😅. Ton article est très complet et me donne envie d’accoucher là bas, surtout en ce qui concerne l’accompagnement à l’allaitement.
Viens accoucher en Allemagne alors ! 😉
Dis, tu dois te lever très tôt le matin si tu déjeunes vers 11h !
La salle d’allaitement est vraiment une excellente idée c’est clair. Le suivi et la prise en charge sont vraiment plus rapprochés outre Rhin.
Je le ressens surtout pour le sud ouest de l’Allemagne, mais on est vraiment encore dans une forte imprégnation religieuse: accoucher dans la douleur pour bien accoucher, allaitement obligatoire. Par contre je crois que ça choque pas mal en France que des activités prénatales/maman-bébé soient organisées par l’église protestante du coin. Pourtant je ne suis pas du tout pratiquante (ni croyante en fait)
Les églises protestantes (dans le Nord) et catholiques (dans le Sud) sont très actives, notamment par des lieux de rencontres familiales proposant toutes ces activités. Quand on cherche une crèche, on se rend compte aussi que beaucoup dépendent de l’église. C’est vrai que c’est différent en France.
Bonjour, tu ne parles dela fameuse echographie des 12-13 semaines, comment cela s´est-il passé pour toi? Ta gynéc t´a proposé un test en plus pr la clarté nucale?
Cele ne fait pas parti du suivi de baser contrairement à la France.
Bonjour, tu as raison, j’ai oublié d’en parler. Ma gynéco m’avait proposé de faire cette échographie qui n’est pas prise en charge par la sécurité sociale en Allemagne. Je l’ai faite dans un cabinet spécialisé dont l’adresse m’avait été donnée par ma gynéco. Mes résultats étaient dans la norme et je n’ai pas eu d’autres examens spécifiques.
Ah l’Abendbrot, j’avais oublié, quelle horreur! Je n’ai pas trop compris comment on était sensée tenir 12 heures avec ces deux tranches de pain dans le ventre après un accouchement… et je ne sais plus non plus ce que j’ai fait pour y remédier :p
J’ai eu la grande chance d’avoir une chambre familiale pour bébé numéro 1 (une chambre double classique où mon mari a pu dormir car il y avait de la place). Une vraie petite bulle magique. Je note donc tout ce qui se passe dans la salle d’allaitement pour le prochain!
Concernant la péridurale, j’ai des commentaires admiratifs de mes copines françaises parce que j’ai fait sans… Honnêtement ça dépend de l’accouchement! C’est plus « facile » de tenir le coup quand on a pas 24 heures de contractions derrière soi par exemple.
Merci pour ces piqûres de rappel et les liens, certainement utiles pour ma grossesse dans une nouvelle ville et un nouveau Land.
Merci beaucoup pour ton commentaire et alles Gute pour ta grossesse ! Prépare une valise pleine de gâteaux, de Studentenfutter et de gâteaux apéro. 😉 Je n’ai jamais eu de chambre individuelle, j’aurais bien aimé mais je n’ai pas eu de souci avec mes voisines. J’espère que tu pourras de nouveau avoir une chambre familiale ou au moins une chambre individuelle.