Je repense souvent, avec nostalgie, aux voyages lointains que j’ai fait avant d’avoir des enfants. Je sais que l’on peut faire de longs voyages tout en étant parents mais vivant déjà dans un autre pays que la France et ayant une famille et des amis répartis dans différentes régions françaises voire pays, nos vacances sont surtout un moyen de passer du temps avec eux. Je vais donc vous raconter quatre voyages lointains, dans le temps et dans l’espace. Première destination : le Liban !

2. La Malaisie

3. L’Érythrée

4. La Géorgie

En février 2005, avec trois amis, nous sommes allés passer une semaine au Liban. L’un de mes amis avait fait un semestre d’échange en géographie à l’université Saint-Joseph de Beyrouth et un ami libanais lui avait proposé de revenir en vacances car l’appartement d’un membre de sa famille était disponible. Nous avons donc eu la chance de l’accompagner et de loger pendant une semaine dans le quartier chrétien d’Achrafieh.

Nos billets étaient réservés pour un séjour du 19 au 27 février, avec une rapide escale à Larnaca (Chypre). Nous avions aussi pris notre visa pour la Syrie car nous avions prévu d’aller passer deux jours à Damas, située à une centaine de kilomètres de Beyrouth. Mais le lundi 14 février 2005, Rafiq Hariri est assassiné ainsi que 21 autres personnes lors d’un attentat dans le centre de Beyrouth. Rafiq Hariri était un des membres les plus importants de l’opposition anti-syrienne au Liban et était un ancien premier ministre, très populaire au Liban et ami personnel de Jacques Chirac. Ce dernier était d’ailleurs venu dès le lendemain à Beyrouth présenter ses condoléances à la famille et exiger que la lumière soit faite sur les commanditaires de cet assassinat (la Syrie étant clairement soupçonnée voire accusée).

Nous avons beaucoup hésité à venir, envisagé de passer une semaine à Chypre mais l’ami libanais nous invitant nous a confirmé que la situation politique restait stable et que nous pouvions venir mais que notre excursion damascène allait devoir être annulée.

Le Liban est un petit pays (sa superficie est équivalente à celle du département de la Gironde), qui, sur ses soixante kilomètres de large, voit se succéder l’étroite plaine littorale, le massif du Mont Liban (jusqu’à plus de 3000 mètres), la haute plaine intérieure de la Bekaa (altitude moyenne de 900 mètres) et le massif de l’Anti-Liban (culminant à 2300 mètres) faisant la frontière avec la Syrie. Les paysages sont variés et magnifiques et sa culture et son architecture sont extrêmement riches, le pays ayant été dominé par les Phéniciens, les Perses, les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Mardaïtes, les Omeyyades, les Croisés, l’empire Ottoman, les Egyptiens et les Français. Le Liban est encore aujourd’hui un Etat multiconfessionnel et multiculturel. Ma première impression a été de voir se côtoyer dans le hall de l’aéroport une publicité pour Etam, une autre pour Bonduelle et la troisième était à la gloire du… Hezbollah !

Beyrouth

Fondée il y a plus de 4000 ans par les Phéniciens, l’antique Béryte était un petit port qui a, peu à peu, gagné en prospérité et en abondance, surtout à partir de la domination achéménide. Siècle après siècle, conquête après conquête, chaque nouveau pouvoir a façonné la ville, recouvrant les bâtiments précédents et donnant lieu à des strates d’occupation riches en matériel et en informations pour les archéologues.

La rue où nous logions

La ville a un patrimoine historique exceptionnel mais a souffert de graves destructions. En 551, la ville est détruite par un tremblement de terre suivi d’un tsunami. Entre 1975 et 1990, elle est le théâtre principal de la guerre civile libanaise dont la Ligne verte passe en plein centre de la ville. Quand nous y sommes allés, il restait de nombreux bâtiments fortement endommagés lors de la guerre et qui n’avaient pas été réaménagés. Encore aujourd’hui, le luxueux hôtel Holiday Inn de Beyrouth reste une carcasse vide et délabrée que de grands projets architecturaux envisagent régulièrement de réhabiliter. Enfin, le 4 août 2020, deux explosions, dont la seconde est causée par le stockage pendant plusieurs années de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth, détruisent celui-ci et une grande partie de la ville.

Article très intéressant sur cet hôtel luxueux qui fut inauguré un an avant le début de la guerre

De Beyrouth, je garde un souvenir ensoleillé, celui de nos petits-déjeuners fait d’ayran et de man’ouché zaatar, de repas toujours délicieux et surtout de ce sentiment de vivre un moment historique en participant à quelques manifestations de la Révolution du Cèdre. Des Libanais viennent nous parler en français de la venue de Jacques Chirac et de son engagement pour le pays.

Jbeil / Byblos

Nous avons seulement passé une soirée à Jbeil, l’antique ville de Byblos située à une trentaine de kilomètres au nord de Beyrouth. Comme partout au Liban, j’ai le souvenir d’y avoir mangé des plats délicieux, notamment des poissons et des fruits de mer dans un restaurant au bord de la mer Méditerranée. Dès l’Antiquité, Byblos est un port très actif et une ville prospère, le carrefour de routes menant en Egypte, en Grèce et en Mésopotamie. Aujourd’hui, Jbeil est aujourd’hui une très jolie ville dont le centre historique permet d’admirer à la fois le site archéologique antique, la ville et le château croisés mais aussi la ville ottomane.

Les colonnes antiques sont récupérées et réutilisées pour renforcer les murs du château croisé.
Le château croisé dit aussi château de Gibelet (XIIe siècle)

Tripoli

L’homonyme de la capitale lybienne est située à 80 km au nord de Beyrouth. Son port avait un rôle secondaire mais depuis la destruction de celui de Beyrouth, il est sollicité pour assurer le flux des cargaisons maritimes alors que le Liban importe 85% de son alimentation. Cette soudaine augmentation des activités économiques de la ville sera peut-être le moyen de dynamiser l’une des villes les plus pauvres du pays.

Quand nous y avons passé une journée, ma première impression a été de découvrir une ville moins ouverte et internationale que la capitale. Son patrimoine culturel est cependant très riche et pourrait faire de Tripoli une destination touristique majeure de la région.

A Tripoli, nous avons d’abord passé beaucoup de temps à visiter le Château Saint-Gilles, appelé aussi forteresse du Mont-Pèlerin. Il est construit à la demande du comte Raymond de Saint-Gilles au début du XIIe siècle et sera ensuite agrandi par les sultans mamelouks puis ottomans après leur conquête de la ville et de la région. Le gouverneur de Tripoli au début du XIXe siècle s’engage dans une restructuration et une restauration de la citadelle.

Baalbek

Baalbek (ou Baalbeck) est une ancienne ville phénicienne, grecque puis romaine, connue aussi sous le nom d’Héliopolis. Située dans la plaine haute de la Bekaa, le site archéologique comprend trois très grands temples romains, le temple de Jupiter, le temple de Vénus et le temple de Bacchus. Lieu de culte depuis plusieurs siècles, l’empereur Auguste décida d’y faire construire plusieurs temples (fin du Ier siècle avant JC- fin du Ier siècle après JC). Des travaux d’agrandissement ont été poursuivis jusqu’au début du IVe siècle.

Baalbek était un des sanctuaires les plus célèbres et les plus fréquentés de l’Antiquité romaine. Cet ensemble monumental est constitué de temples comptant parmi les plus grands mais aussi les mieux conservés de l’Antiquité romaine.

Beiteddine et la région du Chouf

Le Chouf est une région située à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Beyrouth, sur la partie sud du Mont-Liban. Elle est principalement habitée par des Druzes et des chrétiens maronites. Le chef-lieu de cette région est la ville de Beiteddine, célèbre pour le magnifique palais construit pour l’émir Bachir Chehab II entre 1788 et 1818.

Le Liban est un pays qui m’a beaucoup touchée et j’espère pouvoir un jour y retourner.