Traditionnellement, dans ma belle-famille, nous faisons un voyage chaque année tous ensemble. Tous ensemble, c’est-à-dire mes beaux-parents, les beaux-grands-parents (ceux qui sont encore en bonne santé), nous cinq, mes beaux-frères et leurs conjointes, les cousins s’ils sont disponibles. Au minimum une quinzaine de personnes ! Plus d’une vingtaine quand les cousins viennent aussi ! Jusqu’à il y a quelques mois, nous étions les seuls à avoir des enfants. Depuis, un frère de mon mari et sa femme ont eu un bébé.

Pour mes beaux-parents, le séjour familial idéal a pour objectif de découvrir de beaux endroits tout en restant ensemble. Il commence par un petit-déjeuner commun vers 09h puis la visite de la ville, d’un château, d’un musée, etc. , un déjeuner vers 14h et la poursuite de la découverte de la ville suivi d’un café vers 16h-17h et d’un dîner à partir de 20h. En général, nous partons un week-end prolongé.

J’ai des souvenirs assez mitigés des premiers voyages. Nos enfants étaient petits (voire bébés), nous n’avions pas encore une grande expérience des voyages avec des enfants petits et surtout nous étions les seuls à ne pas pouvoir suivre le rythme. A la naissance de mon fils, le plus jeune membre de ma belle-famille venait de fêter son 18ème anniversaire et mes beaux-parents n’avaient plus, depuis longtemps, un rythme de vie avec des petits. L’autre conséquence était l’attention, bienveillante mais permanente, d’une dizaine d’adultes sur mon aîné puis aussi sur ma cadette.

Ce sont mes beaux-parents et les beaux-grands-parents qui invitent tout le monde. C’est très généreux de leur part. Il faut cependant être réaliste : on peut difficilement suivre la cadence touristique d’adultes quand on a des enfants en bas âge. Et suivre un programme différent alors qu’on est invité est compliqué aussi…

Les points qui posent souvent problème sont :

  • L’heure des repas. Mes enfants sont habitués à manger tôt : en semaine, nous prenons le petit-déjeuner à partir de 06h45 / 07h00, le déjeuner est à midi pour les filles à la crèche et 13h00 pour mon fils à l’école et nous dînons vers 18h00 / 18h30. Ils ont donc logiquement faim aux mêmes horaires. Maintenant que les enfants sont plus grands, je lâche du lest sur le déjeuner et les fait attendre avec une compote, des petits gâteaux ou des fruits afin de pouvoir rester avec le groupe jusqu’au déjeuner vers 14h en général. Par contre, le petit-déjeuner est davantage problématique. Mes enfants se réveillent tôt (05h30 est une heure de réveil habituelle le week-end pour nous…) et nous prenons le petit-déjeuner en semaine à partir de 06h45. Impossible donc de contenir trois enfants affamés pendant trois heures dans une chambre d’hôtel ! Nous prenons donc notre petit-déjeuner séparément et faisons une petite promenade ou jouons en attendant le (second) petit-déjeuner avec tout le groupe. En général, à 09h00, les enfants ont de nouveau un petit creux et tiennent ainsi mieux jusqu’au déjeuner. Le repas pour lequel nous nous adaptons le moins est le dîner. Après une journée de visites et de stimulations multiples, mes enfants sont épuisés et ont besoin de manger et d’aller tôt au lit. Nous essayons donc d’alterner un jour sur deux le dîner tôt tous les cinq et le dîner en famille plus tardif et beaucoup plus long. Ces solutions peuvent sembler simples mais les négociations ont été ardues car la tradition familiale est de rester ensemble pendant les repas.
  • Le programme et l’intensité des visites. Maman passionnée d’histoire oblige, mes enfants sont habitués depuis leurs premières semaines à visiter des églises, des châteaux, des musées, etc. Les deux grands sont intéressés et la petite est contente de sortir de la poussette de pouvoir marcher, monter des escaliers, descendre des escaliers, escalader des fauteuils et d’observer des lieux différents. Ma belle-famille est de plus attentive aux enfants et mes beaux-parents recherchent toujours une visite qui plaira aux enfants. Lors de notre dernier séjour à Vienne, nous sommes ainsi allés visiter le Muséum d’Histoire naturelle. Mais nous avons aussi visité le Palais de la Sécession (Wiener Secessionsgebäude) et admiré ensemble les fresques de Klimt.

Mes beaux-parents souhaitaient aussi visiter la Caisse d’Épargne de la Poste (Wiener Postsparkasse). Un très beau bâtiment début du siècle style Art nouveau ! Les deux grands ont bien aimé cette visite, notamment en s’inventant des histoires au milieu des guichets.

Après un programme plutôt intensif de visites, les enfants sont vraiment fatigués et ont, en même temps, besoin de se dépenser sans devoir faire attention à ne pas faire trop de bruit, ni être sollicités par les adultes. C’est dans ce genre de moments que les tensions peuvent apparaître car les autres membres du groupe ont rarement envie de passer l’après-midi assis sur le banc d’une aire de jeux au lieu de visiter les autres sites touristiques. Mais la bonne humeur du groupe dépend aussi de l’état d’énervement et de fatigue des enfants et de leurs parents. En général, nous rentrons à l’hôtel, dînons tôt et jouons ensuite à des jeux calmes ou lisons des livres.

Le tramway, le métro, le bus, etc. : un réseau de transport dense à Vienne
  • La surstimulation et les règles différentes. Dans un groupe composé d’une dizaine d’adultes, les enfants doivent s’adapter à différentes personnalités et règles. C’est, selon moi, le point le plus compliqué à gérer. Les horaires de repas, la fatigue et le sommeil sont des besoins clairs que personne ne remet en question et qui sont rapidement acceptés. Mais le fait que les enfants soient en permanence stimulés par des adultes bienveillants mais nombreux et omniprésents puisse être un problème, est plus difficilement acceptable. Ce n’est certes pas méchant mais c’est très fatigant pour des enfants d’être au centre de l’attention d’un groupe d’adultes. Il est compliqué aussi de gérer pour eux les différences de « sévérité » sur des thèmes aussi variés que l’alimentation, la politesse, la gentillesse, l’insolence, les cadeaux à chaque visite, etc. Je suis par exemple plutôt à cheval sur la politesse et le fait de ne pas dire de gros mots quand on est un enfant… ce qui n’est pas tout à fait le cas dans ma belle-famille. Il me faut donc à chaque fois reprendre mon enfant en lui expliquant pourquoi je ne veux pas qu’il dise de gros mots, etc. La maman pénible et sévère versus le grand-père ou la tata cool qui rigole quand on répète les mots bannis. Jusqu’à présent, j’essaie que ça soit mon conjoint qui intervienne (c’est sa famille et c’est sa langue maternelle). Parfois, c’est moi qui dois monter au front, en essayant de parler avec nuances du désaccord. En tout cas, il vaut mieux passer pour la bru pénible et qui râle tout le temps que de ronger son frein pendant des jours (ce qui fut mon cas pendant les premiers séjours familiaux).

Ces séjours se passent désormais bien pour deux raisons. La première est qu’il y a un petit cousin et que l’attention se répartit désormais sur quatre enfants. La seconde est que j’ai appris à imposer mon avis (et que mon mari me soutienne et même parfois intervienne !) quand il s’agit de mes enfants et de leurs besoins.

Partez-vous régulièrement en vacances avec votre famille ou votre belle-famille ?