L’article de Charlotte de Famille en Chantier sur le langage des signes pour bébé m’a beaucoup intéressé. J’en avais certes entendu parler quand mes deux premiers enfants étaient bébés mais c’était resté pour moi plus une pratique de parents un peu impatients et stressés.

Et puis… Notre plus jeune fille a, en lien, avec sa maladie, un retard de langage qui peut évoluer positivement ou négativement. Sur les conseils des spécialistes qui la suivent, nous avons participé à une formation à la langue des signes adaptée ( une petite dizaine de rendez-vous en soirée) avec deux orthophonistes spécialisées.

Il s’agit de la GUK (Gebärden unterstützte Kommunikation), c’est-à-dire de la communication favorisée par les signes, si l’on traduit mot à mot. Il s’agit d’une méthode développée par Dr. Etta Wilken et diffusée par le centre d’information allemand sur la trisomie 21 (das Deutsche Down-Syndrom InfoCenter). Cette méthode est proposée pour tous les enfants ayant un retard de langage, afin de leur permettre de stimuler leur communication par les gestes et de les motiver à poursuivre et à développer cette communication par le langage.

La GUK est adaptée depuis la langue des signes allemande (Deutsche Gebärdensprache, dont l’abréviation est DGS). Je ne le savais pas mais les langues des signes diffèrent selon les pays. Deux personnes parlant deux langues des signes différentes peuvent réussir à se comprendre mais il leur faudra beaucoup plus de temps et elles devront passer par de nombreuses circonvolutions pour s’exprimer. L’objectif de la GUK n’est pas de tout signer comme avec la DGS mais de soutenir la communication avec l’enfant en signant le ou les deux-trois mots principaux de la phrase. Par exemple, si on demande à l’enfant « tu veux boire du lait ? », on va signer « lait » voire « boire » et « lait ».

Pour notre fille, nous avons été invités à une session de formation pour les parents. La formation durait quatre mois, à raison d’une à deux soirées de formation par mois. Nous avons eu une formation plus théorique sur l’acquisition du langage par l’enfant, notamment en situation de handicap et sommes ensuite passés aux travaux pratiques. Selon le développement et la réceptivité de l’enfant, il est recommandé de ne pas introduire plus de 2-3 signes par semaine afin de laisser à l’enfant le temps de les comprendre et de les acquérir complètement.

Avec la formation, nous avons reçu aussi deux CD afin de poursuivre la découverte et l’apprentissage de nouveaux signes. Nous devons préparer un carnet propre à notre enfant : celui-ci doit comporter à chaque page une présentation du signe et une photographie l’illustrant. Des formations sont aussi proposées aux éducateurs et aux enseignants. Nous avons la chance que notre crèche soit très à l’écoute et motivée par tout ce qui puisse faire progresser notre fille.

La plupart des signes sont assez transparents et faciles à comprendre et à reproduire. Quand nous souhaitons ajouter un signe qui n’est pas listé en GUK, nous nous basons sur le signe existant en langue des signes allemande.

construire ; cassé ; plus / encore ; gâteau ; lapin / lièvre ; grand

Mais, comme l’a bien expliqué Charlotte, cette méthode ne fonctionne que quand elle est appliquée par toute la famille ou au moins par les deux parents. Nos deux grands sont extrêmement motivés et sont les premiers à nous rappeler à l’ordre si nous oublions de signer. Ils sont très demandeurs de nouveaux signes et les répètent sans se lasser à leur petite sœur.

Nous avons aussi acheté des livres sur la GUK pour les enfants.

D’autres livres se prêtent bien à l’emploi des signes, sans être spécifiquement prévus pour cela.

Et du côté de notre fille ? Elle a vite compris le principe des signes et a rapidement commencé à signer « lait », « manger », « boire », « papa », « maman », « où », « musique »… Nous avons inventé un signe pour désigner son frère et un pour sa sœur et elle les utilise… mais quand ils ne sont pas là. Elle n’utilise pas beaucoup de signes mais j’ai l’impression que c’est parce qu’elle n’a pas encore l’habitude de demander quelque chose, notamment parce qu’avec trois enfants, il y a toujours une distraction en cours à la maison.

Nous utilisons la GUK depuis un peu plus de trois mois et pouvons en faire un premier bilan positif, même si cela n’a pas (encore) révolutionné notre quotidien. C’est un travail de longue haleine que nous poursuivrons jusqu’à ce qu’elle parle bien et ne ressente plus le besoin d’accompagner sa communication par les signes. Si le langage ne réussit pas à se développer, nous passerons alors à la langue des signes allemande. Dans tous les cas, j’ai découvert une langue, une communication, une culture vraiment intéressantes et je pense apprendre la langue des signes allemande.

Quelqu’un a déjà appris la langue des signes (française ou allemande) et pourrait me donner des conseils ?