C’est ce que j’ai pensé les deux dernières semaines. J’ai été absente une journée au travail, je suis partie tôt la veille. Mal à la tête, nausées, fatigue. Rien de concret ! De la somatisation due au stress et à la fatigue !

Pendant cette journée et demie d’arrêt, je me suis dit que j’allais en profiter pour rattraper certaines taches ingrates pour le travail. Je n’ai pas réussi, je suis restée là, les bras ballants. J’aurais pu ranger, défaire les cartons en souffrance depuis le déménagement mais je n’ai pas non plus réussi. J’aurais pu me faire plaisir et écrire les articles d’excursions… mais ça ne serait pas correct de s’asseoir face à l’ordinateur pour choisir de belles photographies et écrire alors que je n’arrive pas à le faire pour le travail. Alors je suis restée là, déprimée.

En fait, je sais d’où est venue cette déprime. La petite est en Vorschule (grande section) dans sa crèche, elle est sensée rentrer en 1. Klasse (CP) en août 2022 car elle est un Muss-Kind. Si elle était née quelques jours plus tard, elle serait une Kann-Kind et aurait le droit de faire une seconde année de Vorschule. C’est ainsi. Nous allons donc devoir faire une demande de maintien en Vorschule, argumenter, mettre en avant tout ce qu’elle ne sait pas encore faire, peut-être faire appel, pour obtenir son maintien en Vorschule.

A lire aussi : Le système scolaire allemand : Hambourg (1)

Nous nous sommes renseignés sur les différentes écoles qui pourraient ensuite l’accueillir. Début novembre, nous sommes en retard, nous aurions dû commencer les démarches bien plus tôt pour une rentrée en août 2022. Que choisir ? Une Sonderschule (école spécialisée) ? Une Schwerpunktschule (une école primaire avec une filière inclusive) ? Elle fait beaucoup de progrès, où en sera-t-elle dans dix mois ? Mais nous devons choisir maintenant.

Elle ne parle pas, elle ne pourra pas nous raconter si elle se sent bien dans son école, si elle est perdue, si elle s’ennuie, si un enfant la tape. Si elle se sent mal, nous le découvrirons après quelques semaines / mois de malaise. Alors la pression est forte. Si nous nous trompons d’orientation, c’est elle qui en souffrira au quotidien.

Finalement, nous allons faire une demande pour la maintenir un an de plus dans sa crèche, en Vorschule. Elle s’y sent bien, l’équipe est très compétente et à l’écoute de notre petite, elle adore y aller. Mais quels seront les sentiments de notre fille en voyant qu’elle reste une année de plus alors que tous les autres enfants de son groupe rejoindront leur école primaire ?

La décision est prise, la déprime s’est éloignée. Je sais qu’elle reviendra. C’est une compagne régulière qui ne manque pas d’accompagner notre vie quotidienne face à la maladie de notre fille.

Photographie de couverture : une petite rue piétonne dans le quartier de Rotherbaum, à Hambourg pour illustrer ce sentiment de passage étroit entre la bonne et la mauvaise décision pour l’avenir de notre fille