Je participe au rv #Histoires Expatriées du mois d’avril 2020. Ce rv est organisé par le blog L’occhio di Lucie et ce thème a été proposé par… moi ! C’est la première fois que je propose un thème et cela tombe d’autant mieux que ma première participation à ce rendez-vous était en avril 2019 !

L’humour allemand

Ma première confrontation à l’humour allemand a eu lieu lors de ma première Saint-Sylvestre allemande. Traditionnellement, les Allemands célèbrent le dernier jour de l’année en regardant la comédie Dinner for one, une comédie allemande filmée en 1963, adaptation d’un sketch britannique. Ce qui m’avait surprise, c’est que tous les dialogues sont en anglais, sans sous-titre. Il s’agit du 90ème anniversaire de Miss Sophie qui a invité ses plus proches amis qui sont malheureusement déjà tous décédés. Le majordome doit donc jouer le rôle des absents et vider leur verre. Progressivement, il trébuche de plus en plus et se maîtrise de moins en moins. Je ne l’ai regardé qu’une seule fois parce que cette comédie dure dix-huit minutes et finit par m’ennuyer.

Étant française, on me parle aussi régulièrement de Loriot. Malgré un nom d’artiste francophone, Vicco von Bülow est bien allemand et appartient même à une vieille famille de la grande noblesse du Mecklembourg. Cet humoriste a réalisé des dessins animés, des vidéos, des bandes dessinées, etc. et est très célèbre dans toute l’Allemagne. Je suis restée assez imperméable à son humour.

Il en est de même avec le dernier journaliste – humoriste : Alfons, nom d’artiste d’Emmanuel Peterfalvi. Très célèbre en Allemagne… mais inconnu en France ! Sa notoriété vient en grande partie de ses interviews décalées avec un style improbable et de son Puschelmikrofon, c’est-à-dire d’une bonnette (accessoire protégeant un microphone du vent). On retrouve le même ressort comique de décalage que dans les interviews de Raphaël Mezrahi dans les années 1990. Pour compléter le tableau, il force son accent français en allemand, ce qui rend encore plus improbable qu’un Français avec une telle prononciation puisse travailler comme journaliste en Allemagne. Je n’ai jamais vraiment accroché à ces sketchs, probablement à cause de cet accent français caricatural.

Au quotidien, je note aussi un décalage dans l’humour avec mon mari (allemand). Sur le groupe familial (belle-famille) de messages sur le smartphone, je lis généralement en diagonale leurs plaisanteries, ne comprenant pas ce qui les fait tant rire et je m’abstiens désormais de répondre, ayant remarqué que mes messages tombaient toujours à plat.

Mon humour, un humour plus français ?

J’ai beaucoup de mal à faire de l’humour en allemand avec des amis ou des collègues allemands.

Premier souci : une partie de mon humour est basée sur les jeux de mots, sur le fait d’employer un mot en léger décalage par rapport au reste de la phrase. Dans ce cas, mon interlocuteur me prévient souvent que je me suis trompée de mot et que tel autre mot est plus adapté au contexte. Si j’ai le malheur d’expliquer que j’essayais d’être drôle, la gène nous envahit tous les deux.

Deuxième souci : une autre forme d’humour que j’apprécie est le fait de changer tout d’un coup de registre de langue. Là aussi, c’est l’échec ! Soit on me félicite d’avoir un vocabulaire riche et soutenu, soit on me prévient que le mot employé est trop familier.

Dernier souci : le second degré. En général, on me prend au premier degré et je me retrouve à me justifier, à expliquer que c’était du second degré… Encore pire !

J’essaie de me rappeler de ne plus faire d’humour en allemand, surtout au travail, mais je réagis encore spontanément et passe régulièrement pour quelqu’un de bizarre. Pourtant, j’ai un très bon niveau d’allemand mais maîtriser l’humour allemand est clairement le niveau au-dessus.

Souvent, je montre des vidéos ou des images drôles à mon mari mais celui-ci esquisse un sourire, plus ou moins gêné. Les sketchs de Véronique Gallo qui me font tant rire, l’ennuient (parce qu’il est un homme ? parce qu’il est allemand ?). Les images drôles que nous partageons avec mes frères et sœur et mes amis le font vaguement sourire.

Avec mon mari, nous rions quand même beaucoup mais que je crois que nous avons chacun acculturé l’autre.

Et vous ? Vous arrivez à faire de l’humour dans une langue étrangère ?

Photographie de couverture : un kiosque dans le parc du château de l’Eremitage à Bayreuth (Allemagne)

Participations :

Karine à Hong Kong

Camille au Vietnam

Lucie en Italie

Ophélie au Royaume-Uni

Émilie en Égypte