J’ai apparemment besoin de mettre un peu de piment dans ma vie. Je me suis ainsi portée volontaire pour accompagner à deux reprises (oui, je sais, ma bonne volonté est parfois plus rapide que mon cerveau) la sortie piscine de la classe de Vorschule (grande section de maternelle) de ma cadette.

Une matinée entière entre bus, métro et un endroit que j’abhorre… la piscine. Heureusement, en tant que parent accompagnateur, ma tâche consiste à participer au convoyage de gamins surexcités de l’école à la piscine puis le convoyage retour de gamins fatigués de la piscine à l’école.

A 08:00…

Le jour (de gloire) de ma fille étant enfin arrivé, je l’accompagne le matin à l’école. Devant la salle de classe :

Ma fille : « Aujourd’hui, c’est MA maman qui accompagne la sortie piscine. »

Enfants : « Waouh ! La chance ! Et c’est ta maman, elle ? » Je confirme.

Nils : « Moi aussi, j’ai une maman mais elle ne peut pas venir à la piscine, elle garde mon petit frère qui est bébé ».

Paul : « Moi aussi, j’ai une maman mais c’est mon papa qui va accompagner la sortie piscine la semaine prochaine ».

Enfants : « Un papa ? Waouh ! Trop bien ! Et toi ? Tu es qui ? Tu fais quoi ? Tu parles allemand ? Tu t’appelles comment ? Tu me donneras la main ? Et à moi ? A moi aussi, tu me donneras la main ? Tu es la maman de qui ? C’est quoi ton nom ? »

Ma fille : C’est MA maman ! Ben oui, elle parle allemand et français. Et puis, elle parle aussi anglais, espagnol et japonais ! Et plein d’autres langues aussi ! (Alors… j’aimerais bien mais il se trouve qu’en japonais, je suis juste capable de dire bonjour, merci, bon appétit et au revoir. Quant à l’anglais et à l’espagnol, ce ne sont que mes restes du collège et du lycée et je suis malheureusement loin d’être bilingue).

La maîtresse fait rentrer les enfants dans la classe et me demande de revenir à 09h.

A 09:00 !

Enfants : « La maman est là ! La maman est là ! Dis, tu sais, comment je m’appelle ? Et moi ? Tu connais ma maman ? L’autre fois, je t’ai vue parler avec ma maman. Vous êtes copines ? C’est vrai que tu as trois enfants ? Et moi ? Tu es copine aussi avec ma maman ? Tu t’appelles comment ? Tu es la maman de qui ? Tu me donnes la main ? Non, elle me donne la main à moi. Et à moi aussi ! « 

Ma fille : « Non, c’est MA maman, elle me donne la main à moi !

La maîtresse me demande alors si je peux attendre un peu plus loin dans le couloir pour que les enfants s’habillent car ils veulent tous me parler au lieu de se préparer. J’ai l’impression d’avoir eu mon quart d’heure de célébrité, entre les enfants qui m’assaillaient de questions, ceux qui essayaient de prendre ma main, ceux qui caressaient mon sac à main (il est joli, il est en cuir bleu mais n’a pourtant rien d’exceptionnel) et ceux qui me regardaient timidement de loin.

Sur le chemin du bus, les enfants marchent deux par deux, une maîtresse devant, l’autre derrière et moi au milieu. Il y a ceux qui marchent vite, ceux qui rêvent, ceux qui s’arrêtent pour ramasser un marron, un bout de bois, un caillou. Il y a ceux qui crient à ceux de devant « marchez plus vite, il y a un trou », ceux qui protestent « mais, arrêtez de pousser ! ». Il y a celui qui joue avec la petite peluche accrochée au sac à dos du camarade devant et celle qui chante à tue-tête. Ma fille est heureuse car elle donne la main à son ami et à moi. Les enfants autour de moi me montrent leur immeuble, la crèche du petit frère, la boulangerie… que je connais car nous habitons dans le même quartier ! Nous arrivons à l’arrêt de bus, la maîtresse en profite pour demander aux enfants quand le prochain bus arrivera. Les enfants sont heureux et fiers de lire « 4 Minuten ». Tout le monde monte dans le bus et c’est la négociation pour que Leon accepte de faire un peu de place afin que trois enfants tiennent sur deux sièges. Merle (c’est un prénom féminin allemand) boude parce qu’elle a dû s’asseoir avec le groupe alors qu’elle voulait rester debout vers les portes. Johan me raconte toute sa généalogie, ce qui inspire ses voisins qui en font de même.

Les maîtresses préviennent les enfants que nous descendrons au prochain arrêt et qu’il faut se préparer. Nils veut absolument être le premier à descendre et commence à se lever et à bousculer tout le monde pour rejoindre la porte. Il est bloqué dans sa tentative par Pia qui veut aussi être la première et lui fait « discrètement » un croche-pattes. Nils trébuche et se rattrape au siège mais hurle que Pia lui a fait très mal et qu’il ne peut plus marcher. Voyant que la place qu’il convoitait vers le bouton pour ouvrir la porte est libre, il se précipite, oubliant qu’il ne pouvait apparemment plus marcher. Nous descendons rapidement pour aller prendre le métro. Le reste du trajet se passe bien et nous arrivons enfin à la piscine.

Les cours de natation ont lieu tous les mercredis de septembre à décembre Nous avons reçu la liste de ce qui devait être fourni à l’enfant, accompagnée de la recommandation d’habiller l’enfant avec une tenue facile à enfiler. Avant d’entrer dans le vestiaire, il faut se déchausser et enlever ses chaussettes pour éviter de les mouiller. La maîtresse rappelle la consigne et demande de mettre les chaussettes dans les chaussures.

Lena : « Maîtresse, je n’arrive pas à ouvrir le bouton de mon pantalon ? »

Maîtresse : « Lena, tu enlèves juste tes chaussettes. On se déshabille dans le vestiaire, ici, c’est seulement l’entrée. »

Lena : « Mais maîtresse, j’ai un collant ! »

On peut enfin entrer dans notre vestiaire. Les enfants doivent se déshabiller, plier leurs vêtements et préparer leur serviette en la posant au-dessus des vêtements. Il y a celui qui galère avec les boutons de sa chemise, celle qui n’arrive pas à ouvrir la fermeture éclair (dans le dos) de sa robe, celui qui rêve encore habillé d’une chaussette, d’un t-shirt mais en ayant déjà mis son bonnet de bain, celui qui court tout nu, celui qui pleure parce qu’il ne trouve pas son maillot de bain (qu’il a rangé avec sa pile de vêtements), celle qui arbore fièrement son maillot de bain avec son hippocampe, celle qui est très heureuse d’avoir un bikini mais ne sait absolument pas comment on le met, celui qui reste tout habillé et commence déjà à manger le goûter, etc. Petit passage par les toilettes pour les volontaires, deuxième passage pour les volontaires ayant eu entre temps une soudaine envie de faire pipi, troisième passage pour les deux derniers voulant aller voir à quoi les toilettes ressemblent…

L’enseignante de natation et son assistante prennent en charge le groupe et proposent divers exercices. Il faut faire le crocodile, sautiller comme un hippocampe, sauter du bord, avancer avec une frite, battre des jambes, etc. Certains enfants ont déjà l’hippocampe, d’autres l’auront pendant ce cours, certains enfants semblent bien moins à l’aise que d’autres. Un petit pleure parce que l’eau est froide, une autre n’aime pas être mouillée, les maîtresses les consolent et les encouragent. Finalement, ils sortent de l’eau et vont se rincer et se rhabiller au vestiaire, accompagnés d’une des maîtresses. Les autres enfants ont bientôt fini, la séance dans l’eau ne dure qu’une demi-heure.

Les enfants doivent se rincer et rincer leur maillot de bain et rejoindre le vestiaire… SANS COURIR ! C’est une joyeuse bataille d’eau et j’essaie de surveiller tout en restant à l’abri. J’aide à essorer les maillots de bain et accompagne les enfants ayant déjà fini au vestiaire. La consigne est rappelée : on s’essuie, on s’habille, on range son maillot de bain et la serviette dans le sac plastique et, ensuite, on prend le goûter.

Leon : « Où est mon slip ? Qui a volé mon slip ? Je veux mon slip ! Maîtresse, quelqu’un a volé mon slip. »

Pia : « Eh ! Toi ! La maman ! Viens là ! » (Euh… tu crois vraiment que je vais venir si tu me parles ainsi ?)

David : « Maîtresse, Leon est tout nu et il mange déjà son goûter. »

Leon : « J’attends mon slip. Si j’ai pas de slip, je m’habille pas, alors je mange et j’attends. » Le slip était plié sous son t-shirt…

Au fur et à mesure, les enfants se sont habillés, ont rangé leurs affaires et échangent tranquillement deux morceaux de carottes contre un quart de pomme, un sandwich au salami contre un sandwich au fromage, etc. Ils sont contents d’être là. Les maîtresses sèchent et brossent les cheveux longs de certains enfants et commencent à faire ranger les affaires quand l’une d’elles tombe sur un slip.

Maîtresse : « Les garçons ? Tout le monde a son slip ? » Tous acquiescent. « Ce slip n’était pas là quand nous sommes arrivés, il est à l’un d’entre vous. Qui avait un slip bleu Ninjago ce matin ? » Personne ne répond. Le slip bleu Ninjago semble être venu seul à la piscine. « Les enfants, qui veut aller aux toilettes avant de partir de la piscine ? » Quelques enfants y vont, la maîtresse met le slip Ninjago célibataire dans un petit sac tandis que la seconde maîtresse part à la recherche d’un éventuel autre objet abandonné. Bonne pioche ! Un maillot de bain avait décidé de rester dans les douches, lui aura au moins la chance d’être reconnu par sa propriétaire légitime.

Nous repartons en direction de la station de métro, quelques enfants commencent à entonner des comptines qu’ils ont apprises en classe. Puis, tout le répertoire y passe, des chansons sur l’automne à celles sur le Laternelauf, de celles sur l’hiver à celles sur Saint-Nicolas et Noël. Les enfants sont plus détendus (et fatigués) qu’à l’aller. Le retour à l’école se passe tranquillement. Ma fille est heureuse de m’avoir (presque) que pour elle et n’a pas lâché ma main, son copain m’a raconté ses dernières vacances, les autres enfants m’ont parlé de leur papa, de leur maman, de leur mamie, de leur papi, du fait qu’ils aimeraient bien avoir un cochon d’Inde, qu’ils avaient construit un super camion en lego, qu’ils savaient déjà écrire leur prénom et celui de leur sœur, etc.

Nous sommes arrivés à l’école, les enfants et les maîtresses m’ont remerciée et dit au revoir, ma fille a eu du mal à me lâcher la main et je suis rentrée chez moi.

J’étais contente d’avoir accompagné une sortie de classe pour ma fille, je l’avais fait aussi pour mon fils (mais c’était une sortie au musée…). C’est un moment vraiment intéressant à partager avec son enfant, on le découvre dans un environnement dans lequel nous n’allons jamais, on rencontre les enfants et les adultes qu’il côtoie sans nous au quotidien. Les enfants sont curieux, heureux de faire la connaissance de la maman d’une de leurs camarades et de cette sortie tous ensemble. Mais je rentre épuisée. Il est presque 13h00 et j’ai juste envie d’un café et de silence.

En photo : un chemin à Schierke dans le Harz, j’ai préféré ne pas vous imposer une photo de piscine ou de maillots de bain mouillés. 😉