Vous connaissez peut-être le blog de Marie, Les petits ruisseaux font les grandes rivières (abrégé en prgr). J’aime beaucoup son style, à la fois drôle et sérieux, familier et soutenu. Quand elle a annoncé qu’elle allait publier un livre, j’ai dressé une oreille. Le sous-titre est alléchant  » Démêler le vrai du faux de la parentalité bienveillante ». Il est vrai que les réseaux sociaux débordent de recommandations contradictoires, d’experts auto-proclamés en éducation positive, de pseudo coachs vendant des formations inutiles. Au milieu de toute cette foule, les véritables professionnels comme Anna, qui est orthophoniste, sont rares et modestes. Ils sont conscients des limites de la recherche, vérifient leurs sources et n’affirment rien de façon péremptoire. L’équilibre est difficile à trouver.

Marie Chetrit a donc été contactée par les éditions Solar pour écrire un ouvrage original, entre guide de parentalité et recherches scientifiques. J’avais lu L’éducation approximative d’Agnès Labbé et je trouve les deux ouvrages complémentaires dans leur volonté d’informer et de déculpabiliser les jeunes mamans.

A la naissance de mon aîné, j’ai acheté les traditionnels Laurence Pernoud (« J’attends un enfant » et « J’élève un enfant ») que j’avais d’ailleurs appréciés. J’avais reçu quelques autres livres, en français ou en allemand, certains moins bons que d’autres. Le plus important, j’avais le soutien des femmes de ma famille, de ma belle-famille, de mes amies déjà mères. Je les appelais en premier quand j’avais une question, un doute. J’allais aussi sur des forums de mamans et y avais trouvé un groupe de mamans plus expérimentées et très sympathiques. Les messages y étaient longs et argumentés, sans volonté de nuire. Celles qui n’étaient pas assez respectueuses, étaient reprises par les autres membres voire exclues.

Jeunes parents, nous suivions des principes français ou des principes allemands d’éducation, nous reproduisions en partie l’éducation que nous avions connue ou bien pas du tout. Entre deux naissances, certains points de vue ont changé. D’abord peu attirée par le cododo, j’ai finalement changé d’avis et ai acheté un berceau cododo fixé au lit parental avant la naissance de ma cadette.

Ne connaissant des réseaux sociaux que Facebook et ne l’utilisant que pour communiquer avec mes amis, je n’avais jamais entendu parler d’éducation positive. J’ai découvert ce courant éducatif à l’ouverture du blog. Intéressée par les idées mises en avant, j’ai ensuite été effarée par les conseils voire ordres donnés par certaines mamans qui n’avaient de qualification que celle qu’elles s’auto-décernaient. Comment pouvait-on à ce point recommander à une jeune maman de s’oublier et de sacrifier son sommeil et sa santé mentale ? Les jeunes primipares sont déjà dans l’oubli d’elles-mêmes. Que celle qui n’est jamais restée assise pendant deux heures dans une position inconfortable puis douloureuse pour ne pas risquer de réveiller son premier-né lève la main !

Mais aujourd’hui, les réseaux sociaux ont pris une place grandissante dans nos vies. Ils apportent du positif (découverte, rencontre) mais aussi beaucoup de négatif, notamment dans la comparaison aux autres. Dans son livre, Marie reprend les différentes thématiques liées à l’éducation positive. Elle les analyse, les confronte aux études scientifiques et aux découvertes, notamment des neurosciences. Ces dernières servent d’arguments irréfutables aux tenants de la version extrêmiste de ce mouvement éducatif. Les recherches menées sont souvent déformées ou prises partiellement en compte pour servir de justification. Marie mène aussi la réflexion sur la place des réseaux sociaux dans la maternité, sur ce concours permanent à l’enfant parfait, à la mère parfaite.

Education positive : une question d’équilibre est un livre très intéressant, à offrir à toutes les futures mamans, surtout si elles attendent leur premier bébé. C’est un livre qui permet de redécouvrir la nuance, les différentes façons d’élever un enfant sans en faire un classement, les phénomènes de mode qui parcourent la parentalité. A conseiller aussi aux mamans stressées, inquiètes de ne pas donner le meilleur à leur enfant !

Je conseillerais bien aussi à toutes les extrêmistes de la parentalité positive / bienveillante, etc. de le lire. Cela leur permettrait peut-être de se remettre en question et de cesser d’asséner ce qu’elles pensent être des vérités ou au moins un bon business.

19,90€, en libraire ou en ligne