Premier problème : vérifier si ce titre ne fait pas trop la blogueuse débutante qui pense avoir le coup de génie pour devenir en plus critique littéraire… Et surtout, second et véritable problème : écrire quelque chose d’original à propos du livre d’Agnès Labbé, L’éducation approximative. Quelque chose qui n’ait pas déjà été dit avec brio et humour par mes consœurs plus célères (et célèbres) que moi !

Quel créneau me reste-t-il ? Critiquer les critiques, comme je l’avais proposé à PRGR ? Raconter comment j’ai fini par réussir à acheter le livre ? Mais PRGR semble avoir la prime dans les rebondissements et les envois improbables, d’autant plus que mon achat du livre était des plus basiques. Je suis entrée avant-hier dans la librairie, j’ai cherché puis demandé à une vendeuse si le livre d’Agnès Labbé était disponible, elle me l’a apporté, je l’ai payé… Bref, aucun rebondissement, aucun suspense, aucune émotion !

Ayant commencé à lire le livre dans la voiture (je vous rassure, ce n’était pas moi qui conduisais), j’ai décidé de mettre en application les premières pages en allant déjeuner au restau du centre commercial le plus proche (pas de cuisine à faire, frites à volonté, jeux pour les enfants). Arrivés chez mes parents, les sudokus sur l’ipad de papi ont occupé le grand, la cadette a construit des choses improbables en kaplas, la petite a goûté… et j’ai pu continué de lire la méthode d’Agnès.

Depuis les bons vieux Laurence Pernoud, version j’attends et version j’élève, achetés lors de ma première grossesse, j’avais fui les guides parentaux (et revendu ceux qu’on m’avait offerts) car même si je me reconnais globalement dans l’éducation positive, les dogmes du style « l’enfant est ton maître » m’énervent passablement. Je suis plutôt calme de nature mais j’ai du mal avec les négociations à rallonge… La bienveillance et les explications avec pédagogie sont de très beaux objectifs d’éducation, mais comme le dit si bien Agnès, parfois la fatigue, l’énervement, etc. font que la meilleure explication est « parce que c’est comme ça ! ».

Toute mère humaine n’ayant pas d’objectif de béatitude voire de sainteté devrait se reconnaître dans les principes d’éducation approximative : des principes sains basés sur l’idée que la bienveillance ne s’applique pas qu’aux enfants, elle s’applique aussi aux parents.

Nous sommes dans une société qui juge déjà suffisamment les mères, soupçonnées d’être trop maternantes ou trop distantes, trop laxistes ou trop autoritaires, trop cools ou trop strictes, etc. Nous sommes déjà scrutées, notamment par d’autres mères, dès que nous sortons avec nos enfants (quant à celles qui n’ont pas d’enfants alors qu’elles sont déjà dans la trentaine, elles n’échapperont pas non plus aux remarques).

L’éducation approximative, c’est essayer de faire de son mieux, s’autoriser à être humaine, et donc faillible. C’est accepter que la perfection ne soit pas de ce monde et que se sacrifier et s’oublier pour essayer d’atteindre le plus possible cette perfection inaccessible soit au final angoissant pour les enfants.

Ce guide est à offrir à toutes les mamans stressées, primipares comme pluripares, à toutes celles qui se fixent des objectifs inatteignables, qui se sentent minables après avoir crié sur leur enfant, qui manquent de confiance en elles, en tant que femmes et en tant que mères. Il devrait même être offert aux femmes enceintes en y rajoutant un prologue sur la grossesse et l’accouchement approximatifs, afin d’éviter la déception d’une vision idéalisée et pas toujours réaliste de la grossesse et de l’accouchement.

Merci Agnès d’avoir écrit ce livre pour nous faire déculpabiliser et pour nous rappeler que, quelque soit nos erreurs, nous sommes de bonnes mamans !